Comprendre l’Amérique d’aujourd’hui
Andres Serrano est né à Brooklyn (États-Unis) en 1950. Diplômé en 1969 de la Brooklyn Museum Art School de New York (États-Unis), Andres Serrano fait partie des artistes contemporains les plus reconnus de la scène internationale.
Né d’une famille d’origine hondurienne et afro-cubaine, Andres Serrano grandit dans un milieu fortement empreint de catholicisme, dont la religiosité le marque profondément. Fréquentant dès son plus jeune âge le Metropolitan Museum of Art, il trouve dans la peinture religieuse et les peintres de la Renaissance, les ferments sur lesquels germe son désir de devenir artiste. La découverte de la photographie lors de ses études au Brooklyn Museum and Art School lui permet de poser les bases de son approche artistique, proche de la peinture par la puissance de la couleur et par les formats utilisés.
Andres Serrano was born in Brooklyn (USA) in 1950. A 1969 graduate of the Brooklyn Museum Art School in New York (USA), Andres Serrano is one of the most recognized contemporary artists on the international scene.
Born into a family of Honduran and Afro-Cuban origin, Andres Serrano grew up in an environment strongly influenced by Catholicism, whose religiosity left a deep impression on him. A frequent visitor to the Metropolitan Museum of Art from an early age, his interest in religious and Renaissance painting was the seed on which his desire to become an artist grew. His discovery of photography during his studies at the Brooklyn Museum and Art School laid the foundations for his artistic approach, which is close to painting in terms of the power of color and the formats used.
Il se définit d’ailleurs lui- même avant tout comme un artiste au sens large, faisant un usage privilégié du medium photographique, parmi les autres moyens à sa disposition, réfutant toutefois le qualificatif de photographe.
Depuis plus de trente ans à présent, Andres Serrano explore les questions sociales et éthiques fondamentales qui divisent l’Amérique et déploie une œuvre aux thématiques multiples qui convoque la mort, la violence, le sexe et la religion. En observateur acéré de la société de son temps, son œuvre met en lumière les visages et les corps des opprimés, des minorités, des laissés-pour-compte du rêve américain.
À travers ses clichés, dont le regard critique sur les travers de ses contemporains reste toutefois toujours empreint d’humanité et d’une grande indulgence pour ses sujets, Andres Serrano entend « contribuer au débat sur l’identité américaine dans sa diversité, en mêlant les âges, les genres, les milieux et les confessions. »
Ses séries – Torture (2015), Residents of New York (2014), America (2002), The Klan (1990), Nomads (1990), Bodily Fluids (1990) ou The Immersions (1987-1990) – mettent en exergue le besoin qu’a l’artiste de révéler les vérités silencieuses tapies derrière la morale, l’hypocrisie sociale et les traditions encore vivaces dans la société américaine d’aujourd’hui.
For over thirty years now, Andres Serrano has been exploring the fundamental social and ethical issues that divide America, unfolding a multi-themed body of work that invokes death, violence, sex and religion. A keen observer of the society of his time, his work highlights the faces and bodies of the oppressed, of minorities, of those left behind by the American dream.
Andres Serrano’s photographs, which take a critical look at the shortcomings of his contemporaries, are always imbued with humanity and a great indulgence for his subjects, and he intends to « contribute to the debate on American identity in all its diversity, mixing ages, genders, backgrounds and faiths. »
His series – Torture (2015), Residents of New York (2014), America (2002), The Klan (1990), Nomads (1990), Bodily Fluids (1990) or The Immersions (1987-1990) – highlight the artist’s need to reveal the silent truths lurking behind morality, social hypocrisy and traditions still alive in today’s American society.
Avec son langage visuel propre, Andres Serrano déconstruit la réalité de ces sujets en les inscrivant dans la tradition des grands formats de la peinture historique.
Ainsi, les sujets habituellement bannis du champ de l’art trouvent dans son œuvre le moyen de s’épanouir à travers la picturalité et le format de ses photographies. Chaque portrait est une représentation monumentale qui esthétise et accentue, à la manière d’un mantra, les caractéristiques formelles de ces stéréotypes. De manière générale, l’œuvre d’Andres Serrano est faite d’images mentales.
Thus, subjects usually banished from the field of art find in his work the means to blossom through the pictoriality and format of his photographs. Each portrait is a monumental representation that aestheticizes and accentuates, like a mantra, the formal characteristics of these stereotypes. Generally speaking, Andres Serrano’s work is made up of mental images.
Ses photographies, transcendées par la force de leurs couleurs et de leurs formes, représentent davantage que de simples portraits : elles deviennent des métaphores.
C’est en 1987 qu’Andres Serrano se fait remarquer pour la première fois avec son œuvre Piss Christ, qui provoque un tollé dans les milieux conservateurs américains et, plus récemment, dans les franges catholiques intégristes en Europe. Dès lors, l’artiste n’a eu de cesse de remettre en question les échelles normatives des valeurs admises par nos sociétés occidentales. Les thématiques soulevés dans ses œuvres relèvent ainsi de l’universel. Puisant ses sources au sein d’une esthétique classique ou baroque s’associant volontiers à une forte structuration de l’image — toujours mise en scène —, aux jeux d’ombres et à la couleur, Andres Serrano transcende la simple image photographique en une image sculpturale, quasi monumentale.
L’esthétique de son œuvre évoque tantôt Le Caravage, tantôt Michel-Ange, David ou Géricault.
Par ses images et sa démarche empreinte d’une grande authenticité, Andres Serrano signifie son intention de questionner ce qui relèverait de la fracture contemporaine entre ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas.
Par la puissance des images qu’il convoque, Andres Serranoo transforme ce qui pourrait n’être qu’une simple approche documentaire en un sujet qui invite à la réflexion ; il provoque et laisse au pouvoir de l’image le soin de nous interpeler sur de grandes thématiques intemporelles : le religieux, la mort, le corps, la haine de l’autre.
Andres Serrano first came to prominence in 1987 with his work Piss Christ, which caused an uproar in conservative American circles and, more recently, among fundamentalist Catholics in Europe. Since then, the artist has constantly challenged the normative scales of values accepted by our Western societies. The themes raised in his works are thus universal. Drawing on classical and baroque aesthetics, combined with a strong structuring of the image (always staged), shadow play and color, Andres Serrano transcends the simple photographic image into a sculptural, almost monumental image.
The aesthetics of his work sometimes evoke Caravaggio, sometimes Michelangelo, David or Géricault.
Through his images and his authentic approach, Andres Serrano demonstrates his intention to question the contemporary divide between what is acceptable and what is not.
Through the power of the images he conjures up, Andres Serranoo transforms what could be a simple documentary approach into a subject that invites reflection; he provokes and leaves it to the power of the image to challenge us on major timeless themes: religion, death, the body, hatred of the other.
Exposition jusqu’au 20 octobre |24
MUSÉE MAILLOL・59-61. rue de Grenelle 75007 Paris
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