Le livre des prodiges・

Le livre des prodiges・

Quand le prodige naît des marges

Imaginez une nuit, un commissariat, une ville qui gronde sous la pluie et le bitume mouillé.

C’est là que débute Le Livre des prodiges, nouveau roman sombre et magnétique de Olivier Ciechelski, un univers où la justice se heurte au destin, et où le merveilleux voisine avec la vérité crue.

Nora, première du concours d’officier de police judiciaire, est reléguée à la simple patrouille. Et pour cause : ses collègues la jugent, la méprisent — non seulement pour sa foi, mais aussi pour l’intensité de ses convictions.

Puis, une nuit, une ronde banale révèle un crime. Avec elle : Djabri, dont les racines plongent dans les bidonvilles portuaires de Gennevilliers, et William, tout juste débarqué de sa province, timide, silencieux. Ce que découvre Nora dépasse l’accident : c’est une invitation à se heurter à quelque chose de plus fort, de plus obscur — à des “forces qui tiennent du prodige”.

Olivier Ciechelski choisit les marges : la ville périphérique, les cités effacées par l’image qu’on en a, les mémoires écrasées sous le béton. Il y fait surgir le merveilleux — non pas comme fantaisie, mais comme urgence : parce qu’il faut croire en quelque chose d’au-delà pour tenir debout quand tout semble s’effondrer.

Le style est sombre, hypnotique, tendu. L’enquête de Nora ne respecte ni les procédures ni la droite ligne policière : elle s’aventure hors du cadre légal, guidée par un appel intérieur. Et ce personnage féminin est fascinant : foi, force, révolte, doute. Un mélange rare.

Olivier Ciechelski ne compose pas un policier ordinaire, mais une fable urbaine, un miroir tendu à nos craintes collectives : l’injustice, l’oubli, le silence. Il offre une héroïne qui refuse la neutralité, et dont l’obstination devient lumière, dans l’obscur.

Un livre pour ceux qui veulent ressentir l’éblouissement dans la nuit.

Editions du Rouergue Noir

 

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