Abbaye royale de l’Epau : Exposition

Abbaye royale de l’Epau : Exposition

Depuis plusieurs années maintenant, la photographie investit la programmation culturelle proposée par le Département de la Sarthe, au sein de l’Abbaye Royale de l’Épau.

Cette saison 2020 s’inscrit dans le cadre de la biennale 2019-2020 d’animations culturelles et patrimoniales départementales construite autour du thème de « l’itinérance ».

Est itinérant celui qui va d’un lieu à un autre, qu’il se mette en chemin pour le bout du monde, ou nous invite à un voyage immobile en bas de chez lui.

A mi-chemin entre ‘l’itinéraire’ que l’on peut préparer et que l’on suit, et ‘l’errance’ par laquelle on se laisse porter au gré du hasard, ‘l’itinérance’ est au cœur des enjeux qui animent nos sociétés aujourd’hui.

Cette année encore, les photographes invités nous interrogeront, de manière troublante ou insolite, sur notre rapport à notre environnement, aux autres, à notre mémoires collective, à nos représentations et aux évolutions de la société.

Parmi les photographes présents : Fausto Podavini qui réalise des reportages et des projets très personnels, dont « Omo change » dans la vallée de l’Omo, dans le sud de l’Éthiopie, endroits mythiques qui depuis longtemps, fascine photographes, voyageurs et aventuriers.

Cette zone compte environ 500 000 habitants qui travaillent principalement dans l’agriculture et l’élevage ovin et est habitée par différentes ethnies. Un sanctuaire perturbé, en 2008, par le projet de construction du barrage Gilgel Gibe Ill mené par le gouvernement éthiopien avec une entreprise italienne et des investisseurs étrangers.

Inauguré en 2016, il a considérablement ralenti le courant de la rivière et empêché les crues annuelles, le niveau du fleuve Omo a baissé d’au moins 15 m, l’eau se salinise et les poissons meurent, perturbant ainsi la vie des fermiers, des éleveurs et des pêcheurs locaux. Les habitants ne peuvent plus irriguer les cultures, ni amener les bêtes pâturer. Ce barrage hydroélectrique modifie surtout toutes les habitudes ancestrales des ethnies qui peuplaient ces forets. Une fois sa construction achevée, le gouvernement éthiopien a ensuite entrepris de louer des terres tribales a des entreprises privées pour la mise en place de plantations de sucre et de coton. Les tribus, elles, ont été déplacées ou partent à la recherche de nouvelles terres.

Les ONG travaillant sur place estiment que plus de 100 000 personnes sont affectées directement par ce barrage. Fausto Podavini a suivi pendant plus de six ans les conséquences, trop peu documentées, de !’apparition de ce barrage sur la région et ses habitants.

En racontant l’histoire de Gilgel Gibe Ill, dans cette zone sensible entre le Kenya, le Sud-Soudan et le Kenya, Fausto Podavini illustre un problème plus large : celui de la disparition des peuples autochtones de la planète.

Autre regard, celui de Nyani QUARMYNE, photographe autodidacte qui se définit comme un« Africain hybride avec « We were once three miles from the sea ».

A Totope, petit village de la cote ghanéenne, le sable est fin et l’eau est bleue et chaude – mais les habitants doivent faire face a la montée des eaux et à l’érosion. L’érosion côtière et fluviale n’est pas un phénomène nouveau sur la cote du Ghana. Cependant, le rythme du changement s’est considérablement accéléré ces dernières années, emportant maisons et moyens de subsistance et, selon certains experts, préfigurant le sort de nombreuses capitales côtières de l’Afrique de l’Ouest à mesure que le niveau de la mer continue d’augmenter.

Nyani Quarmyne est parti à la rencontre des habitants des villages de pêcheurs du sud du pays : celles et ceux qui, par manque de moyens, sont obligés d’abandonner leurs foyers avant qu’ils ne soient, inéluctablement, emportés par l’océan. Dans ce village, comme dans beaucoup d’autres villages des alentours, les habitants sont réfugies climatiques, à quelques mètres seulement de leurs maisons. Une injustice car leur mode de vie simple n’en est pas responsable.

Et ils n’ont littéralement nulle part où aller – coincés entre le lagon Songor, aux mains de sociétés privées, et les eaux à perte de vue du Golfe de Guinée.

Le concept de changement climatique reste trop souvent abstrait, illustré par des termes et des diagrammes scientifiques complexes et peu compréhensibles. Mais son sens reste vague. C’est ce qui donne leur pouvoir évocateur aces portraits d’hommes et de femmes au milieu des ruines de ce qui fut, il n’y a pas si longtemps, leur maison.

Exposition photo en plein air à l’Abbaye royale de l’Epau jusqu’au 1er novembre

www.epau.sarthe.fr

 

Cet article a été publié dans la catégorie TIME OUT.

 

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