De Joao Pedro Rodrigues
« FEU FOLLET » dont le sous-titre pourrait être FEU DE LA PASSION
Quelques conseils : n’oubliez pas la date de cette fantaisie politique d’anticipation complétement dingue… Le film se passe en 2069.
Souvenez-vous…1969 année érotique chantée par Jane Birkin et Serge Gainsbourg
2069, 100 ans plus tard, une nouvelle année érotique, jouée, dansée, vécue par Alfredo, avec qui nous faisons connaissance sur son lit de mort, dans les derniers instants de sa vie.
Observez bien le camion de pompiers avec lequel joue le jeune enfant dans la pièce et le playmobil conduisant ce jouet.
Et donc sur son lit de mort, Alfredo, roi sans couronne, revisite sa vie et notamment sa jeunesse quand il rêvait de devenir pompier. La rencontre avec son instructeur Afonso, du corps des pompiers, va ouvrir un nouveau chapitre dans la vie des jeunes hommes et dans l’histoire du Portugal.
Souvenez -vous…
Nous sommes en 2069, nouvelle année érotique pour Joao Pedro Rodrigues : amour, désir et envie de changer le statut quo.
C’est un film très court, finalement ,mais qui réunit en temps record :
– un conte de fées
– une comédie musicale qui donne envie de se lever de son fauteuil pour se déhancher
– une vision très universelle de l’existence de tout être humain, fut-il de sang royal ou du peuple à savoir l’enfance, l’âge adulte et la vieillesse, notamment au moment de rendre son dernier souffle : de quoi, de qui se souvient-on ?
– un hommage certes iconoclaste mais très particulièrement réussi aux soldats du feu, qui cet été, comme dans d’autres pays ont payé un lourd tribu aux incendies ayant ravagé les forêts européennes.
– une farce totalement irrévérencieuse
– un casting très symbolique, quasi stéréotypé pour justement contrer les stéréotypes : Alfredo, au physique de Petit Prince, vraiment, une commandante à la tête de la caserne aux cheveux roux flamboyants et au physique qui s’allège pendant les chorégraphies
– une fiction politique mais d’ici 2069 pourquoi pas : une femme commandante, des pompiers, un président du Portugal noir et musulman …dans un pays où l’héritage colonial et le racisme sont encore très présents.
Deux mondes vont donc se télescoper : le formalisme d’une royauté en train de disparaître et le grand brassage social et décomplexé d’une caserne de pompiers comme l’était le service militaire en France.
Chaque plan du film est abouti, travaillé, dans les moindres détails parfois comme la reconstitution d’un tableau.
La pinède royale, la plus ancienne, au Centre Nord du Portugal, dont les arbres sont très droits et très fiers, allégorie de sexes en érection.
Et aussi les portes coulissantes du Palais, s’ouvrant et se refermant comme le rideau sur une scène de théâtre amenant les acteurs le regard face caméra.
Le fil conducteur et récurrent de Joao Pedro Rodrigues est :
- Comment se met-on en scène devant les autres ?
- Comment se voit-on ?
- Mais que pensent de nous les « autres » en nous regardant ?
Des questions existentielles importantes traitées cash dans cette fantaisie musicale – c’est ainsi que le réalisateur définit le genre de son film.
Un film irrévérencieux, sans tabou comme on les aime ici !!
Qu'en pensez-vous ?