L’approche photographique de David De Beyter est à la fois conceptuelle et documentaire et explore les frontières entre réalité et fiction. Son travail artistique repose principalement sur le concept de la pratique du paysage, il interroge à travers ses installations les différents statuts de l’image.
Concrete Mirrors traite de l’Iconographie de la conquête spatiale des années 60, époque où règne ce climat de suspicion et de paranoïa lié à la guerre froide. Prenant la forme d’un faux documentaire photographique, ce projet assemble trois corpus d’images de natures et de statuts différents, associant plusieurs types de réalités, celles des documents, du virtuel et celles des lieux.
Par une forme d’historiographie, le premier volet du travail s’attache à photographier une sélection d’architectures utopiques des années 60, de sites de recherches scientifiques et de paysages ayant cette accréditation populaire de paysage martien ou lunaire. Les architectures ne sont pas choisies pour l’attrait formel qu’elles peuvent représenter, mais parce qu’elles incarnent l’obsolescence d’une pensée, celle de l’utopie comme territoire de pensée et de création. A partir d’une documentation précise de dessins et de projets de l’architecture prospective des années 70, le second volet de cette recherche s’attache, par l’utilisation éparse de la 3D, à donner une forme d’existence à des projets non réalisés qui incarnent cette mythologie et à les interpréter par la mise en scène photographique.Le troisième volet explore une documentation scientifique et photographique de cette période, telle que la photogrammétrie ou encore des expériences menées par la NASA, dont les outils spécifiques ont servi à définir l’imagerie de cette conquête, et à développer l’imaginaire qui l’entoure. Cette archéologie procède donc d’une méthodologie révélant un corpus où se lient et se répondent chacune des images.
Cette exploration romantique constitue un territoire imaginaire à travers la documentation d’une zone test où les anachronismes formels accentuent le décalage entre vision prospective et mythologie déchue.
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