Dandy de l’ombre
Cet ouvrage aurait pu être une autobiographie, tant le personnage central était narcissique. D’ailleurs, Jacques de Bascher ne voulait-il pas écrire un livre sur sa vie dès l’age de 21 ans!!
On pourrait s’interroger sur l’intérêt d’écrire un livre sur un personnage peu connu du grand public.
Mais à travers la vie de Jacques de Bascher, c’est toute la folie, la décadence des années 70, puis 80 qui nous est conté.
Jacques de Bascher n’a pas de titre de noblesse mais il a la particule et l’allitération qui va avec. Il est le seul de sa famille à chérir cette double nomination totalement factice. Il l’arbore crânement comme une décoration qu’on accroche au revers d’une veste.
Au Flore, il fréquente des avocats, des professeurs et d’autres profils du même types, à première vue « bien sous tout rapports », mais que la fête transforme en fougueux compagnons.
Au début des années 1970, tout se passe dans les clubs. on y fait des affaires et des conquêtes.
Ouvert par Fabrice Emaer en 1968, le 7 est devenu l’épicentre d’un quartier estampillé bastion nocturne de la faune gay. Le Tout-Paris de la Mode, des lettres et des médias à ses habitudes.
Jacques y côtoie différentes bandes mondaines d’artistes et d’intellectuels homosexuels notoires, celle de Jacques Chazot, Thierry Le Luron et Yves Mourousi, celle de Saint Laurent et de son compagnon Pierre Bergé, ainsi que celle de Karl Lagerfeld.
Intrigué par l’aura de Karl Lagerfeld, Jacques de Bascher le pointe du doigt et glisse à son ami Philippe Heurtault : « Tu vois cet homme? Ce sera le plus grand styliste des années à venir et ce sera aussi mon petit ami »…
Quelle définition donner à l’histoire d’amour entre Jacques et Karl? Charnelle? Assurément pas. Étrange liaison qui n’aurait jamais été consommé, pas même à l’heure de ses début.
Partir à la conquête d’expériences, se laisser porter, n’avoir de comptes à rendre qu’à lui-même, telle était la ligne à laquelle il entendait se tenir.
Lettré, fantasque, sadique et masochiste, il s’est fait l’interprète, tout au long de sa vie, de cette décadence bien vêtue.
Une vie qui l’a conduit, finalement, à une mort douloureuse qu’il avait pressentie précoce.
Éditions Séguier
Format : 15 x 21 cm
296 pages
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