Clara Schumann | 1819 – 1896
Clara Schumann est l’auteure d’une œuvre inspirée, vivante, bouillonnante, mais née à une époque où les femmes ne pouvaient prétendre composer, et même si elle demeure l’une des plus grandes pianistes du XIXe siècle, c’est son mari, Robert Schumann, qui fut considéré comme le génie.
L’histoire de Clara Schumann est celle d’un amour fou, qui n’empêcha ni Robert Schumann, son mari, de sombrer dans la folie, ni Clara de sacrifier son art pour lui.
Quand Clara Wieck rencontre Robert Schumann à Leipzig, en Allemagne, elle a huit ans. Lui en a dix-sept. Il vient prendre des cours de piano chez son père, Friedrich Wieck, célèbre professeur qui a fait de sa fille Clara une musicienne virtuose, se produisant en public dès l’âge de dix ans.
Les années passent, Clara compose, se produit dans toute l’Europe, devient célèbre. Robert compose aussi de son côté. En réalité, les deux musiciens créent leurs mélodies en songeant l’un à l’autre, car une indéfinissable alchimie de sentiments les lie. Mais Friedrich Wieck, le père de Clara, interdit aux amants de se marier. Leurs cinq années de fiançailles s’écoulent donc surtout en correspondance littéraire et clandestine, et ils finissent par entamer un procès contre Friedrich Wieck pour pouvoir se marier. A l’aube de ses vingt-et-un ans, Clara Wieck devient enfin Clara Schumann.
En plus d’épauler son mari dans les exigences de la composition, Clara devient mère de huit enfants, donne moins de concerts et ne compose plus guère.
Mais elle aime passionnément Robert Schumann qui l’adore tout autant.
Bien que poussée par Robert, Clara craint de le décevoir et n’écrit de la musique pour lui qu’à Noël et lors de ses anniversaires. Lorsqu’au bout de treize années de vie conjugale, Robert Schumann s’effondre dans la maladie, Clara n’ose tout simplement plus composer et quarante années de veuvage se passent ainsi sans qu’elle reprenne quasiment jamais plus la composition. Elle demeure cependant l’une des plus grandes pianistes de son temps.
Marguerite Boucicaut | 1816 – 1887
Le 3 janvier 1816, Marguerite Guérin naît en Saône-et-Loire de père inconnu. Sa mère vit dans un grand dénuement. À 12 ans, la petite fille est envoyée à Paris chez son parrain. Illettrée, elle devient aide-lingère.
Sept ans plus tard, elle croise le chemin d’Aristide Boucicaut, un vendeur de tissus né à Bellême (Orne). Ils s’aiment, mais ne se marient pas. La faute, sans doute, aux origines de Marguerite. En 1839, elle met au monde un fils que son père ne reconnaît qu’en 1845.
Lorsqu’Aristide épouse enfin Marguerite, en 1848, il travaille dans une mercerie nommée Au Bon Marché. Commence alors une ascension exceptionnelle pour le couple. Le chiffre d’affaires de la boutique, transformée en grand magasin, passe de 450 000 francs en 1852 à 21 millions en 1869. Marguerite travaille au côté de son mari. Lorsqu’en 1877, son fils meurt, moins de deux ans après Aristide, elle devient chef d’entreprise.
Marguerite Boucicaut gère alors l’immense affaire commerciale et se préoccupe de sa pérennité, elle qui n’a plus d’héritier. Elle n’a pour but que de laisser aux trois mille employés une « Maison » financièrement saine. Elle veut aussi poursuivre son œuvre bienfaitrice après sa mort. Les dix-neuf paragraphes de son testament témoignent de sa démarche.
Ces dernières volontés, qui se chiffraient en millions de francs et témoignent d’une grande philanthropie, ont un air d’inventaire à la Prévert. Car Marguerite prévoit tout par le menu, pense aux ouvriers, ouvrières, aux filles-mères, aux vieillards, aux artistes… Elle instaure une caisse de retraite pour ses employés, fait construire des maternités, écoles, hospices…
RAZIA AL-DIN | 1205 – 1240
Jalâlat ud-Dîn Raziyâ, connue sous le nom de Razia al-Din ou de sultan Razia est la seule femme à avoir régné sur Delhi, après que son père l’ait choisie comme héritière du trône au détriment de ses frères.
D’ascendance turque, Razia al-Din nait en 1205 à Badaun (au nord de l’Inde, à Delhi) et apprend, comme d’autres princesses musulmanes, à manier les armes et administrer un royaume. Son père, Shams ud-Dîn Îltutmish, sultan de Delhi, la désigne comme héritière, jugeant que ses fils sont trop préoccupés par leurs propres plaisirs pour faire de bons dirigeants. Mais à sa mort, en 1236, la noblesse refuse de voir une femme occuper le trône et son frère Rukn ud-Dîn Fîrûz Shâh accède au pouvoir à sa place. Le nouveau sultan s’abandonne à la poursuite de plaisirs personnels, et c’est sa mère, Shah Turkaan, qui tire les ficelles.
La situation et l’attitude du sultan déplaisent fortement au peuple. Moins de sept mois plus tard, Razia al-Din défait son frère* et récupère son trône, avec l’appui du peuple et malgré les réticences de la noblesse. Refusant qu’on l’appelle « sultane », terme désignant la femme du sultan, elle se fait appeler sultan Razia. Rodée aux affaires d’État auxquelles elle s’intéressait avant la mort de son père, elle rétablit la paix dans le pays. Abandonnant le voile, elle adopte des habits d’homme et porte une épée au côté. Elle fait construire des routes, fonde des écoles et des bibliothèques, et soutient le commerce et la culture. Ses compétences de dirigeante sont louées et reconnues.
Pour l’assister dans le pouvoir, Razia fait de Jalal-ud-din Yaqut, un esclave abbyssin, son assistant personnel et son amant ou son confident. Cette relation attise la colère des gouverneurs et des nobles turcs. Un de ses amis d’enfance, Altûnya, le gouverneur de Bhatinda, se joint à une rébellion contre elle. Au cours d’une bataille entre les deux factions, Yaqut est tué et Razia capturée. Pour garder la vie sauve, elle accepte d’épouser Altûnya, mais son frère Muizz ud-Dîn Bahrâm Shâh usurpe le pouvoir. Razia et son mari tentent de récupérer le trône mais, défaits à la bataille, ils sont contraints à la fuite et abandonnés par leurs hommes.
Le 13 octobre 1240, Razia al-Din est assassinée par un paysan qui lui a offert l’hospitalité.
HARRIET TUBMAN | 1822 – 1913
Harriet Tubman échappa à l’esclavage du Sud et devint l’une des figures majeures de l’abolitionnisme avant la guerre de Sécession. Elle mena des centaines d’esclaves vers la liberté que leur offrait le Nord en les guidant le long de la route mise en place par l’Underground Railroad, réseau clandestin de lieux sûrs accueillant les fuyards sur leur trajet.
Esclave née vers 1820 dans le comté de Dorchester, dans le Maryland, Araminta Ross adoptera par la suite le prénom de sa mère, Harriet. Dès son plus jeune âge, elle occupe de nombreux emplois : servante, nourrice, ouvrière agricole, cuisinière ou encore bûcheronne. Vers 1844, elle épouse un Noir libre du nom de John Tubman.
En 1849, se laissant convaincre par les rumeurs prétendant qu’elle va être vendue, Harriet Tubman s’enfuit à Philadelphie, laissant derrière elle mari, parents, frères et sœurs. En décembre 1850, elle part pour Baltimore, dans le Maryland, où elle va chercher sa sœur pour la ramener, avec ses deux enfants, vers la liberté.
Ce voyage sera la première des dix-neuf incursions de plus en plus dangereuses qu’elle fera dans cet État. Au cours de la décennie, elle aidera ainsi près de trois cents esclaves à fuir au Canada en suivant les routes établies par l’Underground Railroad. Grâce à son courage extraordinaire, son ingéniosité, sa persévérance et la discipline de fer qu’elle impose à ses protégés, Harriet Tubman devient la guide la plus célèbre de ce réseau secret, popularité qui lui vaudra le surnom de Moïse noire.
Elle n’aurait jamais perdu un seul des fugitifs qu’elle accompagnait vers la liberté.
Après la guerre, elle s’installe à Auburn et commence à héberger orphelins et personnes âgées ; c’est ainsi qu’elle crée l’établissement Harriet Tubman Home for indigent aged negroes.
Ce foyer, qui recevra par la suite le soutien de certains de ses anciens camarades abolitionnistes et des habitants de la ville, continuera à exister quelques années après sa mort. À la fin des années 1860, puis de nouveau à la fin de la décennie 1890, Harriet Tubman fait une demande de pension de retraite fédérale pour les services rendus pendant la guerre de Sécession. Une trentaine d’années après ses actes de bravoure, le Congrès finit par adopter un projet de loi lui octroyant vingt dollars par mois.
L’héroïne s’éteint le 10 mars 1913 à Auburn.
LALLA FATMA N’SOUMER | 1830 – 1863
Fatma Si Ahmed Ou Méziane naît l’année où commence la colonisation de l’Algérie, en 1830. Elle grandit à Ouerdja dans une puissante famille kabyle de lettré·e·s, d’où son titre honorifique Lalla. Elle n’a même pas vingt ans quand elle rejoint avec son frère la lutte contre l’occupation française.
Elle prend la tête de l’armée des rebelles en 1854, à la mort du Chérif Boubaghla.
Sous son commandement, l’insurrection inflige de lourdes pertes à l’armée française coloniale, pourtant aguerrie et dotée des armements les plus modernes. Ses victoires au village Soumer lui donnent son nom. En 1857, elle est capturée au combat. Le mouvement de résistance s’achève avec son arrestation. Elle meurt en prison à l’âge de trente-trois ans.
Célébrée dans des chants traditionnels berbères, elle est pourtant “oubliée” de l’histoire nationale jusqu’en 1995, quand des militantes féministes obtiennent le transfert de ses restes au cimetière des héroïnes algériennes, El Alia.
Lalla Fatma N’Soumer, entrée dans la légende, symbolise la résistance à l’occupation coloniale de l’Algérie.
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