Kurusan, le samouraï noir

Kurusan, le samouraï noir

Né sur l’île de Mozambique, l’homme est arrivé au Japon en tant qu’esclave à la fin du 16ème siècle et finit son existence en qualité de samouraï, un privilège exceptionnel pour l’époque.

Son histoire est riche en rebondissements, même si peu d’informations permettent de retracer avec exactitude son parcours. La principale source le concernant est l’ouvrage Histoire du Japon écrit par le missionnaire jésuite Luis Frois.

Yasuke vu par l’artiste Nicola Roos

Yasuke, le seul surnom japonais qu’on lui connait, fait sensation dès ses premiers pas sur l’archipel en juillet 1579. Il accompagne alors Alessandro Valignano, un prêtre chargé d’inspecter les missions jésuites. Sa couleur de peau noire ainsi que sa taille imposante  – 1m90 – ne passent pas inaperçus.

En mars 1581, les deux hommes quittent l’île de Kyushu pour Kyoto.

La nouvelle de l’arrivée de ce curieux individu parvient jusqu’à Oda Nobunaga, grand seigneur de guerre. Subjugué par la force, la carrure imposante et l’intelligence de Yasuke, qui parle déjà avec aisance le japonais, le seigneur ordonne sur le champ de lui faire prendre un bain, pour s’assurer que le noir est bien sa couleur de peau originelle.

Nobunaga, fasciné par cet être étrange arrivé des confins du monde, obtient du jésuite la permission que Yasuke devienne serviteur à ses côtés. L’esclave, une fois libéré, devient rapidement l’un des gardes du corps du seigneur de guerre, puis entre dans son premier cercle et est élevé au rang de samouraï.

Un honneur auquel peu de guerriers, encore moins un étranger, peuvent prétendre. En plus de deux sabres que brandit Yasuke, Nobunaga lui confie sa propre lance et le nouveau venu se voit même offrir une maison et la fille adoptive du seigneur comme épouse.

Devenu un vigoureux guerrier, Yasuke s’illustre en 1582 lors de la bataille de Tenmokuzan contre Takeda Katsuyori, le rival d’Oda Nobunaga. Sa proximité avec le grand seigneur suscite des convoitises dans la province, dont celle de Akechi Mitsuhide qui accuse Nobunaga d’être le responsable de la mort de sa mère.

Plus envieux et meurtri que jamais, il lance une attaque contre son opposant, qui se retrouve dans une position délicate et ne peut faire face à cette horde sanguinaire. Plutôt que de se rendre, Nobunaga pratique le suicide rituel seppuku sous les yeux de son fidèle bras-droit Yasuke qui, lui, préfère mourir au combat plutôt que de se donner la mort. Il prend ses armes et repart se battre, mais est capturé par Mitsuhide.

Ce dernier le considérant comme une bête, Yasuke échappe à une mise à mort. Son destin s’arrête sur cette note d’incertitude.

Dans une missive écrite en novembre 1582, le père Luis Frois écrit : “Pour Akechi Mitsuhide, Yasuke n’est pas un homme, c’est un animal. Il n’est donc pas la peine de le tuer. Il faut le renvoyer en Inde chez les prêtres”.

Le samouraï est-il retourné en Afrique ou en Inde, à moins qu’il ne soit resté fidèle au Japon ? Aucune trace n’a subsisté après sa capture et c’est ainsi que la légende de Yasuke, le premier samouraï étranger, se perd dans les méandres de l’histoire.

Éditions Delcourt

 

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