La Vie d’Artiste・

La Vie d’Artiste・

Quand l’art et la chair se rencontrent

À l’intersection du strip humoristique, de la confession décalée et de l’autoportrait piquant, Fabio Jacomelli signe avec La Vie d’Artiste… n’a pas que de mauvais côté une œuvre aussi drôle qu’irrévérencieuse. Publiée aux éditions Tabou, connues pour leur engagement sans tabou dans les domaines de l’érotisme, du corps et de l’intime, cette bande dessinée vient bousculer l’image romantique de l’artiste maudit pour la remplacer par celle, tout aussi fantasque, du dessinateur libidineux et désabusé — mais lucide.

Dans un format proche du strip de presse, Jacomelli déroule planche après planche des scènes à la fois cocasses, gênantes ou franchement osées du quotidien d’un dessinateur de BD. Le protagoniste — son alter ego ? — y déambule entre crises d’inspiration, mésaventures sexuelles, conventions BD en demi-teinte, et fantasmes impossibles. Le trait, souple et expressif, rappelle le meilleur de l’école franco-belge underground, avec un sens aigu de la caricature et du détail grivois.

Mais attention : sous les blagues graveleuses et les situations absurdes, c’est une critique en creux du milieu artistique qui s’élabore. La précarité, l’hypocrisie du « monde de la culture », la solitude créative, mais aussi le regard sur la masculinité vieillissante et l’égo malmené sont autant de thèmes qui traversent l’album, souvent déguisés en gag mais jamais anodins.

Fabio Jacomelli offre avec La Vie d’Artiste… n’a pas que de mauvais côté une œuvre à la fois hilarante et provocante, à lire comme un journal intime version hard, ou comme un autoportrait d’artiste trash, mais tendre. Entre cynisme et tendresse, il dessine une réalité du métier d’auteur de BD rarement évoquée avec autant de liberté — et de culot. Pour lecteurs avertis… et amateurs d’humour sans filtre.

Éditions Tabou

 

Cet article a été publié dans la catégorie BD.

 

Qu'en pensez-vous ?