L’Histoire par l’image

L’Histoire par l’image

Aux origines de la Bande Dessinée : l’imagerie populaire

Aujourd’hui véritable phénomène de société, la bande dessinée [terme apparu en France dans les année 30] n’a pas toujours eu bonne presse, mettant longtemps à se départir de sa réputation de ‘sous-littérature’ pour se faire couronner elle-même du titre de neuvième Art en 1964.

Longtemps considérée comme américaine, son invention s’avère être européenne avec, dès 1827, les ‘histoires en estampes‘ imaginées par le Suisse Rodolphe Töpffer.

Diffusé très largement autour de la France, l »Image à 1 sous‘ acheté auprès de colporteurs, reste encore aujourd’hui intimement associée à la bulle.

Créé en 2003, le Musée de l’image abrite l’une des plus importantes collections d’images populaires imprimées à Epinal mais aussi par d’autres imageries françaises ou étrangères, du XVIIe au XXIe siécle.

Avec cette exposition, qui s’inscrit dans le dispositif 20|21 Année de la BD, le Musée entend explorer les fondements de la bande dessinée.

Les imageries du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle usent de techniques de représentation anciennes pour raconter une histoire et une action en une seule image. Plusieurs scènes successives peuvent ainsi être représentées sur une même gravure, comme autant d’épisodes du récit. Le texte, souvent présent, décrit la scène.

Au tournant du XIXe siècle, les imagiers parisiens divisent leurs récits en ‘vignettes’ ; un texte vient évoquer les circonstances, les épisodes non représentés ou servir de lien entre les images. Pour tenir sur une seule feuille, les vignettes sont miniaturisées, formant un damier constitué de cases collées les unes aux autres, évoquant la future bande dessinée.

En même temps, au début du XIXe siècle, les historiettes à compartiments, dites ‘en gaufrier’, composées de quatre à vingt cases, sortent des presses d’Épinal, Metz, Pont-à-Mousson, Wissembourg… Épinal se distingue toutefois par le nombre et la qualité de ses productions. Elles ont dans un premier temps pour sujets des récits séculaires : contes, légendes et fables. Dès les années 1820, les récits moraux dont l’enfant est le héros se développent. Distrayantes et éducatives, ces planches sont plébiscitées.

Avec ses ‘histoires en estampes’, le Suisse Rodolphe Töpffer (1799-1846) est considéré comme le père de la bande dessinée.

Alors que l’imagerie populaire s’appuie sur des légendes et récits connus, les créations de Töpffer sont purement issues de son imagination. Sa technique, l’autographie, dérivée de la lithographie, facilite la conception d’une page en intégrant directement l’écriture manuscrite au dessin, chose impossible avec la gravure traditionnelle. Töpffer n’utilise pas de bulles. La page est découpée en cases de diverses dimensions au service de la narration, introduisant un dynamisme appuyé par le trait nerveux du dessinateur.

Töpffer fait rapidement des émules : Cham (1818-1879), maître de la caricature, publie plusieurs récits en images dans le goût de ceux de l’artiste suisse. Puis Gustave Doré (1832-1883) trouve, également, son inspiration chez Töpffer.

Au XIXe siècle l’enfant devient une cible commerciale privilégiée par les éditeurs : les revues et livres illustrés destinés au jeune public se multiplient.

Deux éditeurs, Albert Quantin à Paris et Pellerin à Épinal, se livrent une concurrence sans merci qui va permettre de renouveler le genre du récit en images.

Cette concurrence entre les deux imageries crée une émulation à l’origine de superbes planches. Le recours aux dessinateurs de presse renouvelle le genre en le rapprochant des récits en images publiés dans des journaux comme Le Chat noir ou La Caricature.

L’exagération du trait, ajoutée à sa simplification, évoque déjà les bandes dessinées humoristiques du XXe siècle…

Exposition jusqu’au 2 Janvier |22

www.museedelimage.fr

 

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