Bienvenue dans le spectacle de l’art du Japon de Meiji!
En 1852 naissait dans une obscure cabane d’un vieux palais impérial de Kyoto un enfant mâle, Mutsuhito, seul survivant sur le six qu’eut l’empereur Kômei, son père.
Il allait entrer dans l’histoire sous le nom de Meiji « politique de la lumière », son règne personnel donnant son nom à l’ère dont on fête en 2018 le 150e anniversaire.
En 1852 l’archipel japonaise est encore un monde fermé, mais sous tension face à l’expansion commercial, parfois à grand renfort militaire, des puissances occidentales.
C’est le temps des derniers shoguns et le Japon connaît alors de fortes tension intérieures.
Ce sont des répétitions proprement sismiques de tensions contradictoires que viendront l’effondrement du bakufu (gouvernement militaire exercé par le shogun Tokugawa) et la « restauration de Meiji ». L’instabilité sociale ne disparaîtra pas avec l’accession au pouvoir de Meiji, à l’âge de 16 ans, et l’on en sentira encore les secousses dans la décennie 1880.
L’ère Meiji est un temps de paradoxes : politiques, civilisationnels et esthétiques.
Un temps de la conservation et un temps de la destruction ; un temps du retour au passé et un temps virevoltant d’inventions comme celles du brillant laqueur Shibata Zeshin ; un temps de l’esthétique épurée des poétiques silhouettes en camaïeu de glaçures de grand céramiste Kôzan et un temps d’exubérance, d’extravagances décoratives, celles d’un maître du cloisonné comme Andô Jûbei ou de la fonte de métal comme Otake Norikuni ; un temps de l’exportation de l’image du Japon porté au dernier degré du cliché et un temps d’établissement d’une esthétique mondiale, celui où le Japon donna le ton, en nous faisant offrande de la parure de ses atemporelles, chrysanthèmes, glycine, pivoines et branches enneigées qui furent une source d’inspiration partagée par tant de créateurs à travers le monde à la fin du XIXe siècle.
Laque de Shibata Zeshin
Céramique de Kôzan
L’exposition débute sur une présentation de l’établissement d’un empire et la création d’une imagerie impériale propagandiste. Des photographies illustrent l’industrialisation et la modernisation de l’espace urbain alors que des estampes montrent la montée vers la guerre.
Dans un deuxième temps suit la construction positive de l’image artistique et industrielle du pays à l’extérieur, qui se présente au monde lors des expositions universelles et internationales.
La troisième partie de l’exposition montre que le Japonisme, fruit de la passion de l’Occident pour l’art japonais, influença à son tour les artistes japonais qui créèrent des œuvres aussi « japonisantes » que celles qu’ils avaient inspirées, sans pour autant tomber dans la « japoniaiserie »
Musée national des arts asiatiques – Guimet
Jusqu’au 14 Janvier 2019
6. place d’Iéna 75116 Paris
www.guimet.fr
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