Du début des années 1960 à la fin des années 1980, de multiples courants musicaux liés aux flux migratoires ont transformé Paris et Londres en capitales multiculturelles.
Paris-Londres. Music Migrations propose un parcours immersif et chronologique pour traverser ces trois décennies décisives de l’histoire musicale des deux villes, et faire résonner un brassage inédit de rythmes musicaux avec les évolutions sociales et politiques, les transformations urbaines et les flux migratoires successifs qui ont marqué l’époque.
L’exposition montre comment plusieurs générations d’immigration dans ces deux anciennes puissances coloniales se sont emparées de la musique pour faire entendre leurs droits à l’égalité, revendiquer leur place dans l’espace public, et contribuer aux transformations à la fois urbaines, économiques et culturelles des deux pays.
Paris et Londres partagent une histoire parallèle de capitales d’empires coloniaux jusqu’au milieu du 20e siècle et celle d’une longue décolonisation s’amorçant au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Du début des années 1960, ponctué par les indépendances de l’Algérie (5 juillet 1962) et des Caraïbes, notamment la Jamaïque (6 août 1962) et Trinidad (31 août 1962), à la fin des années 1980, où s’ouvre l’ère de la mondialisation libérale et du « village global », Paris et Londres se développent au rythme de la prospérité économique des Trente Glorieuses.
Entrées de plain-pied dans la société de consommation, les deux capitales connaissent de profondes mutations technologiques et de modes de vie. Leurs jeunesses aspirent à plus de liberté et à une émancipation culturelle nouvelle.
L’exposition présente plus de 600 documents et œuvres d’art liés à la musique – instruments, costumes, photos, affiches de concerts, vidéos, pochettes de disques, fanzines… – des prêts d’institutions comme le Victoria and Albert Museum mais aussi des ensembles issus de collections personnelles de musiciens (dont celle de Manu Dibango), un costume de Fela Kuti le « père » de l’afro-beat ou des réalisations de Jean
Paul Gaultier.
La playlist de l’exposition fait entendre le reggae-punk de Poly Styrene, le makossa de Manu Dibango, le raï vintage de Cheikha Rimitti, le ska de Desmond Dekker, le R&B de Soul II Soul, le mandingue de Salif Keïta, le blue beat de Millie Small, la chanson algérienne de Noura, le punk
sans frontière de Rachid Taha, l’asian underground d’Asian Dub Foundation, la rumba rock de Papa Wemba, le reggae roots d’Aswad, le chaâbi de Dahmane El Harrachi, la poésie dub de Linton Kwesi Johnson, le zouk de Kassav’, l’electro-rap de Neneh Cherry, l’afro-reggae d’Alpha Blondy, le reggae légendaire de Bob Marley, le raï moderne de Khaled, le rock métissé des Négresses Vertes, le rhythm’n’blues de Vigon, la juju music de King Sunny Ade…
Dans les deux capitales, le monde de la nuit et des discothèques avec ces lieux devenus mythiques comme Le Palace à Paris, La Main bleue à Montreuil ou l’Electric Ballroom à Camden, le Fridge à Brixton, contribuent à dissoudre les frontières musicales, d’identité, d’appartenance et de genre.
L’exposition s’achève symboliquement en 1989, année de tous les changements et de tous les possibles qui marque l’apogée de l’idée de Paris et Londres comme capitales multiculturelles.
PALAIS DE LA PORTE DORÉE
Du 12 mars 2019 au 5 janvier 2020
MUSÉE NATIONAL DE L’HISTOIRE DE L’IMMIGRATION
AQUARIUM TROPICAL
293. avenue Daumesnil 75012 Paris
www.palais-portedoree.fr
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