Pierre Paulin

Pierre Paulin

Le Centre Pompidou présente la première grande rétrospective consacrée au travail de Pierre Paulin.

Designer, architecte d’intérieur, créateur, Pierre Paulin sculpte l’espace, l’aménage, le  » paysage « . Ses environnements, ses meubles, ses objets industriels, dépouillés ou spectaculaires se mettent toujours au service du corps, lui offrant confort et réconfort. Ils sont également marqués par sa fascination pour les innovations techniques comme le développement du textile extensible ou du plastique injecté.

Pierre Paulin

À travers plus d’une centaine de meubles, de dessins, de maquettes et d’archives, l’exposition se déploie dans un parcours chronologique rythmé, stand après stand, par les collaborations successives de Paulin avec des éditeurs tels que Meuble TV, Thonet, Disderot, Artifort, les pièces industrielles dessinées pour Adsa, l’agence que Pierre Paulin créa avec son épouse Maïa Paulin et Marc Lebailly en 1975 ou encore le Mobilier National.

Pierre Paulin
Fauteuil F560 dit Mushroom, 1960
© Coll. Centre Pompidou, Musée national d’art moderne/Photo : B. Prévost

De son premier siège réalisé en 1952 dans la continuité du design scandinave à ses dernières assises renouant avec un classicisme assumé, l’oeuvre de Paulin « ” des plus prolifiques « ” emprunte toutes les voies de la création, sans limite aucune, n’étaient celles de son imagination. Dans son parcours, le siège tient incontestablement une place prépondérante, Paulin ayant dessiné près de deux cents chaises, fauteuils, chauffeuses et canapés, soit deux fois plus de créations que dans ses autres registres mobiliers (étagères, tables, dessertes ou luminaires).

Pierre Paulin
Fauteuil F582 dit Ribbon Chair, 1966
© Coll. Centre Pompidou, musée national d’art moderne /Photo : Bertrand Prévost
Don de Strafor, 1996

Dans ses débuts, il observe chez ses maîtres (Aino et Alvar Aalto, Charles et Ray Eames, Harry Bertoia, Eero Saarinen, George Nelson) le déploiement des lignes et des innovations industrielles qui deviendront indispensables à l’apprentissage de son métier. Son initiation à la discipline du design s’appuie tout d’abord sur la pratique acquise au Centre d’art et de techniques (future école Camondo). Décliner l’archétype est l’un de ses gestes favoris : il dépoussière le fauteuil crapaud pour en faire naître le fauteuil F560 dit Mushroom (1969), il détourne la borne Second Empire pour dessiner la Borne du Louvre (1968), ou revisite la boudeuse pour développer le Dos-à-Dos (1967).

Pierre Paulin
Fauteuil F444, 1963
© Galerie Alexandre Guillemain, Paris

Si Paulin emprunte formes et lignes à ses contemporains, il sait également reprendre et détourner avec habileté les techniques de son époque, comme celles de la sellerie automobile ou celles du textile innovant. En 1955, quand il conçoit la chauffeuse CM194 et le fauteuil CM195, il associe les progrès techniques de la sellerie automobile découverts chez Tubauto à ceux du textile extensible utilisé depuis peu dans la fabrication des maillots de bain. Ce projet annonce toutes les recherches futures de Paulin sur la structure métallique et les stretchs. Délestés de leur structure en bois et de leur garniture en tissu, ses sièges allient désormais une structure tubulaire métallique, une toile de suspension élastique et une mousse moulée revêtue de textile extensible. Naissent de cette technologie inédite des assises aux formes sculpturales.

Je n’ai rien d’un maître à penser. Je suis un suiveur. La personne n’existe pas, c’est le produit qui doit primer. Le public ne devrait pas être intéressé par l’auteur. Si on me considère comme un maître, on a complètement tort. Je ne suis l’héritier de personne. Je n’ai pas d’héritier spirituel… Pierre Paulin

En 1984, quand François Mitterrand fait appel à lui pour l’aménagement de son bureau présidentiel, il propose une scénographie théâtrale, entre innovation et retour au classicisme. On s’interroge sur son regain d’intérêt pour une facture classique. Comme il le dit lui-même, il tient dorénavant à redonner toute sa place au travail de la main. Dans sa collaboration avec l’Atelier de recherche et de création (Arc) du Mobilier national, Table Cathédrale, Siège Curule, Chaise dite  » de prestige  » ou  » à palmette « , Paulin s’inspire tout autant du gothique que de l’antique ou du mobilier traditionnel asiatique.

Pierre Paulin
Banquette Dos-à-Dos, 1967
© Centre national des arts plastiques, Paris-La Défense

En 1995, il se retire dans les Cévennes où, à la Calmette, il sculpte la montagne pour y aménager sa vie. Il réalise son premier projet d’architecte, synthèse d’une carrière riche de cinquante années de création.

www.centrepompidou.fr

 

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