Temple of Love
Richard Saturnino “Rick” Owens, né le 18 novembre 1961 à Porterville, en Californie, est devenu un pilier de la mode avant‑garde mondiale. Formé à l’Otis College of Art and Design puis au Los Angeles Trade‑Technical College, il débute dans l’industrie du vêtement en reproduisant des pièces de créateurs avant de lancer sa propre marque en 1994 sur Hollywood Boulevard.

Rapidement remarqué pour ses silhouettes glunge – mélange de glamour et de grunge –, Rick Owens impose une esthétique sombre, minérale et brute. Vestes en cuir vieilli, drapés asymétriques, volumes oversize et palette noire/grise font désormais sa signature. Il intègre dans ses codes des références gothiques, post‑apocalyptiques et futuristes, avec une dimension architecturale et performative forte.


Son image explose à l’international après que Kate Moss endosse une de ses vestes dans Vogue Paris en 2001, propulsant la marque sur les podiums new‑yorkais, avec le soutien décisif d’Anna Wintour et d’André Leon Talley.
Au-delà de la mode, Rick Owens conçoit du mobilier inspiré par l’architecture brutaliste. Créé avec Michèle Lamy, son épouse et muse, le mobilier — plasms sculptées, bancs en cristal ou béton — complète un univers cohérent où chaque objet est œuvre d’art.



Le Palais Galliera propose la première rétrospective dédiée à Rick Owens à Paris. Intitulée Temple of Love, cette exposition signée par le créateur lui-même, en collaboration avec le musée, transforme l’institution en un véritable temple de la mode avant-gardiste.

Plus de 100 silhouettes, élaborées entre Los Angeles et Paris, occupent l’espace, révélant l’évolution d’un styliste inspiré par le underground californien, le glamour des années 30, le gothique, ainsi que les récupérations créatives de matériaux (jersey, cuir, toiles militaires…).
La scénographie investit également la façade du musée, avec des statues drapées de tissus à sequins, et le jardin, ponctué d’une trentaine de ses sculptures brutales en ciment, évoquant ses lignes de mobilier.

Au cœur de l’exposition, une reconstitution fidèle de la chambre californienne de Rick Owens et Michèle Lamy, sa muse et épouse, souligne le lien profond entre vie privée et œuvre artistique. Ce geste narratif se double d’un regard augmenté sur les influences d’Owens : œuvres de Gustave Moreau, Joseph Beuys et Steven Parrino jalonnent le parcours, mettant en lumière ses sources d’inspiration plurielles.

La sélection révèle aussi les aspects militants de son esthétique : silhouettes exposant la force physique des femmes, remise en cause des normes de genre, sensualité provocante… L’une des salles, déconseillée aux mineurs, aborde des aspects crûs et violents de son imaginaire.

Rick Owens n’est pas un simple styliste, mais un architecte d’univers : il crée la mode comme un art total, engagé, inclusif, provocateur, où le vêtement raconte des récits visuels et émotionnels. En brisant les codes, en défiant le mainstream, il offre une « autre option », un langage singulier pour qui aspire à un autre visage de la beauté.
Exposition jusqu’au 4 janvier -26
Palais Galliera・10. avenue Pierre‑1er‑de‑Serbie 75116 Paris
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