Jusqu’au 06 février 2021, la Maison de la culture du Japon à Paris présente « Secrets de beauté. Maquillage et coiffures de l’époque Edo dans les estampes japonaises », une très riche exposition réunissant estampes et objets permettant de mieux connaître la pratique du maquillage, de la coiffure et les canons de la beauté à l’époque Edo (1603 – 1868).
L’époque Edo s’étend sur deux cent soixante-cinq ans, de 1603, date de l’établissement à Edo (actuelle Tokyo), par Tokugawa Ieyasu, du gouvernement des buke ou « maisons militaires », jusqu’à 1867, lorsque le dernier shôgun, Tokugawa Yoshinobu, rend les pouvoirs à l’empereur.
Tandis que s’épanouissent des arts comme le kabuki et l’ukiyo-e (estampes), les codes de la parure féminine se mettent également en place : modes du kimono et de l’obi (ceinture), maquillage à la poudre blanche et au rouge, coiffure en chignon des longues chevelures noires. L’habitude chez les femmes de soigner son apparence et de se farder remontait aux temps anciens mais c’est seulement à partir d’Edo que le maquillage entre dans les mœurs quotidiennes des classes ordinaires.
Le maquillage est basé sur trois couleurs : le blanc (la poudre blanche oshiroi), le noir (pour les dents et les sourcils) et le rouge (pour les lèvres).
Exhiber un teint le plus blanc possible était un point crucial pour les femmes de cette époque. La blancheur était en effet considérée comme la condition première de beauté d’une femme. « La blancheur de la peau cache sept défauts» disait un adage célèbre. Les poudres contenaient soit du plomb soit du mercure, et on les faisait fondre dans de l’eau avant de les appliquer au doigt ou pinceau sur le visage, cou, la nuque, poitrine.
Le noir est profondément lié aux rites de passage : les femmes des classes ordinaires se teignent les dents de noir juste avant ou après leur mariage et se rasent les sourcils après avoir eu un enfant.
Le rouge était la seule manifestation de féminité éclatante dans le maquillage d’Edo. Outre son utilisation pour le rouge à lèvres et les joues, il servait parfois aussi à rehausser le coin des yeux ou les ongles. Extrait en quantités infinitésimales de la fleur de carthame des teinturiers, c’était un produit rare et extrêmement précieux.
Dans les rangs les plus élevés de la noblesse de cour (kuge) et de l’aristocratie
guerrière (buke), passé un certain âge, les femmes se rasent les sourcils et adoptent un maquillage particulier consistant à en redessiner la ligne dans la partie supérieure du front. Plutôt que souligner la beauté individuelle, il s’agit, en se fardant selon des règles et des styles fixes, d’indiquer le statut social, l’âge, ou encore l’état matrimonial.
La coiffure, autre élément de l’apparence auquel les femmes attachaient une importance primordiale, évolue également de manière significative durant cette période.
Les quatre types de chignons de base qui traversent toute la période Edo – hyôgo-mage, shimada-mage, katsuyama-mage et kôgai-mage – répondaient à des règles fixes en fonction notamment de la classe et du rang social, de l’âge, de statut matrimonial, ou encore de la région géographique. Parallèlement à la diversification des coiffures se développent les ornements de cheveux – peignes, piques et épingles. Ces objets élaborés, utilisant des matériaux tels que l’or, l’argent, l’ivoire, l’écaille de tortue, le bois ou la nacre, viennent égayer le noir des chevelures.
Aux travers des Estampes présentées, nous découvrons les portraits de belles dames aux maquillages et coiffures d’une grande diversité, des scènes de femmes à leur toilette, ou encore représentations fidèles d’ustensiles de maquillage…
Toutes ces estampes sont minutieusement décryptées et témoignent de l’importance sociale du maquillage dans le Japon d’Edo.
A découvrir également, de nombreux pinceaux, poudriers, miroirs, peignes et autres épingles à cheveux – réellement utilisés à l’époque Edo.
Maison de la culture du Japon à Paris
101 bis. quai Branly 75015 Paris
RER Champ de Mars
www.mcjp.fr
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