Drôle de conte noir made in Mumbai
Le Londresien d’origine indienne Karan Kandhari signe avec Sister Midnight, sa première fiction, une comédie noire décalée où le grotesque flirte avec le fantastique. Présenté en 2024 à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes, le film suit le parcours troublant d’une jeune mariée mécontente, interprétée magistralement par Radhika Apte (Uma), qui, à force de désillusions, plonge progressivement dans un état presque vampirique.

Adaptation anticonformiste du mariage arrangé, le film évite les dialogues explicatifs.
Kandhari choisit un cadre visuel puissant : cadrages très étudiés, musique percutante — signée Paul Banks d’Interpol — et ambiance urbaine lourde, presque expressionniste. Le tout, tourné en 35 mm, donne une texture granuleuse, travaillée, qui accentue l’étrangeté du récit.
Une héroïne sauvage et magnétique
Uma, offerte à une existence domestiquée par une union ratée, se transforme peu à peu en une créature de la nuit. Des animaux morts‑vivants — lapins, chèvres — deviennent ses compagnons sanglants, dans un geste aussi macabre qu’imaginatif.

Entre irrévérence punk et constat féministe, le film déborde d’énergie créative. Kandhari y oppose la révolte d’une femme incomprise aux codes patriarcaux, à travers une ville — Mumbai — traitée comme un personnage à part entière.
Qu'en pensez-vous ?