Femmes visionnaires

Femmes visionnaires

Ce sont les divas de la presse, ces créatures que l’on aperçoit derrière de larges lunettes noires au premier rang des défilés de mode, le Front Row.

Des visionnaires où leur fantaisie, leur audace et leur capacité à saisir l’air du temps, se sont imprimées sur papier glacé : dans la presse féminine.

Depuis le premier rang des défilés, organisés comme de véritable cours royales, elles font et défont, d’un haussement de paupière, d’un article assassin, la carrière d’un couturier.

Ce livre est une exploration des coulisses d’une industrie qui génère des milliards de dollars, à travers les portraits de femmes d’origines diverses et aux destins si étroitement liés, mais aussi un hommage à ces révolutionnaires en gants blancs qui ont marqué l’histoire du 20ème siècle.

Qu’est ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ?

Lorsque je dirigeais GRAZIA nous avions publié, à l’occasion de l’éviction de Carine Roitfeld de Vogue, un sujet sur les rédactrices de mode qui avaient marqué leur temps. Je m’étais dit qu’il y avait toute une histoire méconnue du grand public qui méritait d’être racontée. Je m’y suis mis en janvier dernier après mon départ de LUI.

Comment avez-vous sélectionné ces prêtresses de la Mode ?

Je me suis concentrée sur les fondatrices de ces magazines, ainsi que sur celles qui avaient marqué l’histoire de la mode. Elles forment une chaine de femmes, un peu comme une famille, qui de génération en génération transmette leur savoir à la suivante.

Pour vous qui avez connu le  » monde des magazines de mode « , quelles sont les différences entre l’époque de vos  » héroïnes  » et aujourd’hui ?

A l’époque elles étaient soumises sans doute à moins de pression car la concurrence était moins rude.

A travers votre ouvrage, on croise les grands noms de la couture française et internationale, ainsi que des personnages qui ont marqués le XXème siècle. Pensez-vous que XXIème laissera de grands noms dans l’histoire ?

La mode se régénère tout le temps. Le XXIème siècle avec toutes les révolutions technologiques qui nous attendent, va certainement être le théâtre de grandes innovations.

Parmi l’ensemble des portraits que vous proposez dans votre livre, quel est le personnage qui vous a le plus marqué ?

D’un point de vue intellectuel, je pense que c’est Marcelle AUCLAIR. Elle était en avance sur son époque en matière sociale. Elle est à l’origine des grandes avancées pour le droit des femmes. La contraception, l’avortement, l’homosexualité..Et puis il y a Carmel SNOW, une irlandaise pleine de créativité qui a permis à de grands photographes, comme Richard Avedon ou Andy Wharol à faire leurs premiers pas. Elle a également créé l’expression «  le New Look  » lors du premier défilé Dior.

Êtes-vous nostalgique de l’époque de ces femmes visionnaires ?

Qui ne serait pas nostalgique d’une période où tout était à inventer? Elles l’ont fait avec beaucoup de liberté et d’audace dans une période où la photographie était à l’ère préhistorique. Et puis, il y avait beaucoup plus de tabous à enfreindre qu’aujourd’hui.

 

Avez-vous eu l’occasion de croiser Madame Anna WINTOUR ?

Oui j’ai croisé Anna WINTOUR comme tous ceux qui assistent un jour où l’autre aux défilés. Elle est plutôt réservée, discrète et très entourée.

Pensez-vous qu’en 2015, avec Internet et les réseaux sociaux, les magazines, et plus encore, ceux de la mode, ont la même attente de leurs lecteurs ?

Oui, Internet a fragilisé les magazines de mode dans la mesure où les femmes n’ont plus besoin d’attendre la sortie de leur magazine préféré pour découvrir les nouveautés. Les magazines, me semblent-ils doivent donc redoubler de créativité pour surprendre et créer une attente chez les lectrices.

Vous étiez vous-même Rédactrice en Chef du magazine MARIE CLAIRE. Qu’est ce qui vous animez au quotidien dans cette fonction ?

Ce que j’ai le plus aimé lorsque j’étais rédactrice en chef à Marie Claire, c’était de travailler avec les grands reporters. Imaginer avec eux de grands sujets photos à l’autre bout du monde.

Que pensez-vous du rapport de forces qu’il y a [de plus en plus] entre un magazine et ses annonceurs ?

Comme je l’explique dans mon livre, le partenariat entre les magazines et les annonceurs à toujours existé. Pendant les grandes crises économiques ou pendant les deux guerres mondiales où il y avait de fait moins de publicité, elles ont dû à certains moments se plier à leurs exigences, faire des compromis. Mais globalement les femmes que je décris dans mon livre, ont toujours su se faire respecter car elles faisaient de bons magazines dans un contexte nettement moins concurrentiel. Les choses sont bien plus difficiles aujourd’hui car les annonceurs ont d’autres supports à disposition comme la télévision ou Internet.

Quel était votre challenge lorsque vous avez décidé de relancer, aux côtés de Frédéric BEIGBEDER, le magazine culte LUI ?

Lorsque j’ai lancé LUI avec Frédéric Beigbeder, l’idée c’était de réinterpréter le LUI dans la grande époque avec les codes actuels. Faire un beau magazine ou l’humour, le charme et l’intelligence cohabiteraient. Un pari difficile étant donné que la nudité n’est plus un tabou, contrairement aux années 60 lorsqu’il fut lancé par Daniel Filippachi.

1 ville – 1 resto – 1 bar – 1 club en France où on pourrait vous croiser ?

Je sors en bas de chez moi au tout nouveau Café Barbès, un endroit magnifique en plein chaos urbain. Il y a non seulement un super restaurant, mais également un espace avec toit ouvrant sur le ciel étoilé et un dancing. On se croirait en plein quartier de Brooklyn avec le métro aérien qui passe juste devant.

Éditions De La Martinière

Retrouvez les ouvrages à la vente sur notre site :

 

Cet article a été publié dans la catégorie BOOKS.

 

Qu'en pensez-vous ?