Jusqu’au 27 janvier prochain, le Musée Cognacq-Jay propose une immersion chez les marchands merciers parisiens du XVIIIe siècle.
Inauguré en 1929, le Musée Cognacq-Jay conserve la collection d’œuvres d’art réunie et léguée à la Ville de Paris par Ernest Cognacq (1839-1928), le fondateur des Grands magasins de la Samaritaine.
« Marchands de tout et faiseurs de rien », les merciers – dont la mention la plus ancienne remonte à 1137, réunit les vendeurs de toutes sortes de marchandises déjà produites ou demeurant à « enjoliver » par l’assemblage – constituent l’une des plus importantes corporations parisiennes au XVIIe siècle.
À travers les destins de marchands comme Lazare Duvaux ou Dominique Daguerre, le Musée Cognacq-Jay explore la question des marchands merciers à travers une centaine d’œuvres d’art, de documents et d’archives illustrant les origines du luxe à la parisienne.
La scénographie proposée pour cette exposition veut par son style, son allure, respecter la notion d’opulence, de diversité, de rigueur scientifique dans l’information et de clarté d’identification pour les différents propos. C’est un parti pris qui va dévoiler un autre type de rencontre pour le visiteur avec un effacement de la réalité habituelle du Musée Cognacq -Jay pour faire apparaitre et spatialisé un propos d’une façon très contemporaine.
Deux merciers de renom : Thomas-Joachim Hébert (1687-1773) et Lazare Duvaux (vers 1703-1758)
Hébert est l’un des merciers les plus importants de sa génération.
Par l’intermédiaire des intendants de l’hôtel des Menus-Plaisirs et du garde-meuble de la Couronne, il livre près de 120 objets à la famille royale entre 1737 et 1750.
Le marchand fait réaliser trumeaux, porcelaines et chinoiseries montées ou mobilier combinant des techniques multiples ; il serait ainsi l’un des premiers à imaginer d’associer des panneaux de laque orientale à des meubles. Des formes de la manufacture de porcelaine de Vincennes/Sèvres, qu’il soutint financièrement, portent encore son nom.
La publication du Livre-Journal de Lazare Duvaux par Louis Courajod en 1873 constitue l’une des sources majeures de connaissances sur l’activité d’un marchand mercier.
Les porcelaines importées d’Orient et de Saxe, ou produites par la jeune manufacture de porcelaine de Vincennes transférée à Sèvres en 1756, figurent parmi les marchandises prisées dans sa boutique qui procure également des meubles et des laques. La réputation internationale de Duvaux s’appuie sur une clientèle fidèle et des expositions de prestige comme celles des services commandés par le roi.
A découvrir également dans le grand Comble du musée, L’Enseigne de Gersaint.
Gersaint est demeuré l’un des merciers les plus célèbres en raison de l’enseigne légendaire peinte par Antoine Watteau en « huit matins » et représentant idéalement un intérieur de boutique dédiée au commerce d’art.
En tant qu’expert, Gersaint a largement contribué à la structuration des grandes ventes publiques de collections et à la connaissance scientifique, notamment en inventant la formule du catalogue raisonné.
Publiée après sa mort, la première monographie de Rembrandt, au frontispice illustré par François Boucher, illustre ce croisement entre l’outil et le livre d’art.
Dissoute durant la période révolutionnaire, cette corporation est au cœur des recherches menées par les historiens de l’art et les universitaires pour mieux comprendre les mécanismes de la consommation du luxe ou identifier une pièce d’art.
Musée Cognacq-Jay
8. rue Elzévir 75003 Paris
www.museecognacqjay.paris.fr
Qu'en pensez-vous ?