Trip culinaire

Trip culinaire

En couple depuis 7 ans, Marine MANDRILA et Louis MARTIN ont décidé de réaliser leur rêve : à 24 ans, ils ont tout quitté pour partir 6 mois faire un tour du monde à la rencontre des traditions culinaires locales à travers 10 pays.

Ce livre retrace l’extraordinaire aventure de 2 jeunes français partis réaliser le 1er tour du monde culinaire chez l’habitant en expérimentant le concept du food surfing !

Résultat, 130 recettes et une web série de 10 épisodes

very food trip

Marine MANDRILA & Louis MARTIN

Avant de partir pour votre  » Food Trip « , d’où veniez-vous ?

On était deux gourmets, surtout gourmands, qui venaient de terminer leurs études. On a tous les deux suivi une formation en alternance au terme de laquelle nos employeurs respectifs nous ont proposé un CDI. Mais on avait qu’une envie : croquer le monde qui nous entoure et partir à sa découverte. On a donc monté ce projet de tour de monde culinaire.

L’idée de faire un tour du monde du repas chez l’habitant nous est presque venue naturellement parce que le repas est bien plus qu’une expérience gustative, il autorise et permet la rencontre de l’autre pour partager ce qui est à la fois le plus universel et le plus singulier : la cuisine.

Pour comprendre un pays, il faut le boire, le manger et l’entendre chanter.

En lisant votre ouvrage, nous avons plus l’impression de lire un roman qu’un livre de recette. C’est une volonté ?

Nous avions beaucoup plus de choses à raconter que juste des recettes. Derrière chaque repas, il y a une culture, un pays, une région, une rencontre, une histoire, une famille, une tradition culinaire. Voilà ce que nous voulions raconter ! Au travers du récit de notre aventure, nous avons aussi eu envie de transmettre une autre idée du voyage : d’inviter nos lecteurs à voyager de manière plus authentique, en allant aÌ€ la rencontre des cultures directement aÌ€ leurs tables et dans leurs cuisines.

Un tel projet, surtout chez l’habitant, comment cela se prépare-t-il ?

Il a d’abord fallu construire notre itinéraire, ce qui n’a pas été facile : on avait envie d’aller partout, de tout voir et de tout goûter. De manière assez intuitive on a choisi des pays qui ont un fort patrimoine culinaire : le Liban, l’Inde, la Chine, le Japon, le Pérou… Mais aussi des pays dans lesquels nous avions vraiment envie d’aller depuis longtemps comme le Brésil.

Une fois sur place, on a laissé beaucoup de place à l’imprévu, à la spontanéité : on construisait notre voyage au gré de nos rencontres, en suivant les conseils de nos hôtes. Quand on arrivait dans une ville, on prenait immédiatement la direction du marché, c’est souvent le coeur névralgique de la ville, le lieu idéal pour rencontrer nos hôtes.

Vous avez reçu combien de vaccins avant votre départ ?

On a été un peu aventuriers côté vaccins… On a uniquement fait une mise à jour de nos vaccins obligatoires comme le DTP. On a fait l’impasse sur les vaccins recommandés dans les zones sensibles comme la fièvre jaune ou l’hépatite A. Mais heureusement, on n’a pas eu à le regretter.

Ça nous a pris sur un coup de tête, sans doute autour d’une bonne table, un peu ivres ce soir-là, un peu fous. Et puis ça nous a pris un an, après nos études, pour le préparer, le mijoter, le mitonner, ce grand voyage.

Vous êtes devenus polyglottes ?

C’était parfois compliqué de communiquer, mais on s’est toujours débrouillés : on apprenait des rudiments de conversation courante, on est devenus des experts en langage des signes, et quand ça ne suffisait pas on sortait notre carnet de notes pour faire des croquis.

En Amérique Latine, Marine a eu l’occasion de se mettre à l’espagnol et on s’est tous les deux mis au portugais par la force des choses : on a attaqué le Brésil par une traversé de l’Amazonie, personne ne parlait autre chose que le portugais… Il a bien fallu apprendre !

Quelles ont été vos plus grandes et vos plus belles surprises ?

On a été frappés par la confiance qui nous a été accordée tout au long de notre voyage. Une telle réceptivité et un tel accueil vrai, simple et évident, étaient inimaginables. AÌ€ ce titre, nous pouvons dire que le Liban, le Mexique et le Brésil sont en tête de liste des pays dans lesquels nous avons été accueillis avec le plus de naturel, de sympathie et de gentillesse ! Nos hôtes étaient pour la plupart surtout très fiers que l’on s’intéresse vraiment aÌ€ leurs traditions et aÌ€ leur quotidien, souvent délaissés au profit de l’extraordinaire et de l’exotisme. Il faut ajouter que la confiance a véritablement été́ mutuelle car nous avons littéralement suivi des inconnus chez eux. Toujours avec un grand plaisir, très rarement inquiets.

Vos plus grandes joies et vos plus grosses peurs ?

Notre plus grande peur au début du projet était de ne pas réussir à aller manger chez l’habitant. On trouvait que l’idée était géniale mais on ne savait pas si ça allait fonctionner. Au Liban, notre premier pays, ça a pris immédiatement : tout le monde nous invitait ! L’hospitalité légendaire des libanais n’est pas usurpée. Par la suite, on a à chaque fois été surpris par l’accueil chaleureux qui nous a été réservé. Notre plus grande joie a donc été de découvrir que l’hospitalité est sans aucun doute une valeur universelle à laquelle le repas se prête particulièrement bien.

Contrairement à d’autres ouvrages culinaires, vous avez préféré présenter des recettes peu emblématiques des pays que vous avez traversés. C’était le deal du projet ?

C’est un livre non censuré. On raconte avec sincérité les moments que nous avons vécus, les sentiments que nous avons ressentis, les goûts et saveurs que nous avons découverts. À l’image des recettes, ce que nous racontons dans notre livre n’a pas vocation aÌ€ être des vérités générales et nous n’avons pas la prétention de connaître la diversité gastronomique ni de maîtriser des techniques culinaires souvent ancestrales.

AÌ€ l’opposé de l’exhaustivité, on a choisi l’authenticité, le particulier, et on a eu envie de présenter des photographies d’un moment, aÌ€ un certain endroit du monde. Les recettes que nous avons rapportées ne sont ni les recettes les plus connues ni les plus emblématiques des pays que nous avons traversés. Il s’agit de recettes populaires et familiales. De vraies recettes quotidiennes traditionnelles.

Cuisiner avec eux, découvrir des aliments inconnus, des épices étranges… Partager. Les odeurs, les parfums, les rires, les sourires, les mots, les recettes. Parler japonais, péruvien, javanais.

Pour vous le marché est le  » lieu  » emblématique d’une ville, d’un pays ?

Notre premier réflexe en arrivant dans une ville : aller au marché. Armés de notre caméra, nous allions donc systématiquement nous balader sur les marchés alimentaires pour découvrir les produits et les ambiances locales. Les marchés sont une source intarissable de renseignements et d’informations sur un pays et sa culture.

Quel est le pays qui vous a le plus marqué ?

C’est une question compliquée… Chaque pays que nous avons traversé nous a marqué à sa manière. S’il ne fallait en retenir que deux (un chacun), ce serait probablement le Pérou et le Japon. Le Pérou, parce que nous y avons découvert une cuisine d’une diversité presque sans égale. Ce pays bénéficie d’une biodiversité exceptionnelle qui se retrouve dans sa cuisine. Au Japon, c’est le souci du détail qui nous a frappé : là-bas, tout est question d’harmonie et chaque ingrédient, chaque ustensile, chaque recette est pensé pour atteindre cette idéal.

Le plat ?

Louis a découvert la cuisine à la bière dans le sud de la Chine, à Yangshuo, chez Sam avec qui nous avons cuisiné un poisson à la bière. C’est une recette à la fois saine et équilibrée, avec beaucoup de légumes, l’amertume de la bière vient tamiser et relever la chair du poisson. C’est un plat emblématique de Yangshuo, à déguster sans modération !

Au cours de ce voyage, Marine a ré-exploré les fleurs de courgette, notamment en Chine avec la recette de fleurs de courgette farcies à la viande. Cette recette est non seulement simple, délicieuse, mais très belle ! Originale, elle mérite vraiment d’attendre la saison des courgettes, de saisir le moment de la floraison, et de nous délecter.

La population ?

Les quelques jours que nous avons passés dans la jungle avec une communauté Karène font parti des moments les plus forts de notre aventure. C’est la seule fois du voyage où nous nous sommes retrouvés exclusivement avec des hommes en cuisine. Les Karènes sont organisés en société matriarcale, ce qui signifie que les hommes réalisent des tâches qui sont traditionnellement réservées aux femmes, notamment la cuisine.

Marine, les grenouilles grillées au barbecue, c’est hard ?

En France, on ne mange que les cuisses de grenouilles et il faut dire que c’est délicieux. On a pu s’essayer au corps de la grenouille dans la jungle, à savoir la tête et l’estomac… À éviter absolument !

Et l’alcool de pénis de serpent, c’est goûtu ?

Il paraît que c’est aphrodisiaque… comme c’est souvent le cas pour les curiosités culinaires ! Le goût n’est pas évident à décrire mais ce qu’on peut dire c’est que c’est moins compliqué à boire que le sang de serpent accompagné d’un coeur de serpent cru… On s’était fixé comme règle de goûter à tout, et on s’y est tenu, pour le meilleur et pour le pire !

Lorsque l’on revient d’un tel périple, comment vit-on, au quotidien, la routine qui s’installe ?

Au début, on a eu besoin de souffler un peu parce qu’on a vécu notre projet à cent à l’heure. L’écriture du livre a d’ailleurs été l’occasion de réaliser la chance que nous avons eu de vivre une telle expérience. Du coup, on a très vite eu une seule idée en tête : repartir !

Sur 10 pays visités, 3 pays sont d’Amérique latine et le reste sont en Asie. Vous préparez un Very Food Trip 2 ?

Le repas est un moment universel : tous les hommes et les femmes de la terre ont besoin de manger. Et pourtant, on ne mange pas tous pareil, ni la même chose, ni selon les mêmes rites. C’est ce qui fait notre richesse culturelle et c’est ce que nous avons cherché à décrypter. En ce sens, il nous reste tellement de pays à découvrir ! Nous travaillons sur une deuxième saison, cette fois nous avons envie d’aller découvrir les traditions culinaires en Afrique mais également chez nos voisins européens.

Vous rendez hommages aux femmes qui sont le plus souvent derrière les fourneaux. Malgré tout, vous avez rencontré quelques hommes dans les cuisines ?

La cuisine est avant tout une affaire de femmes. Ce sont le plus souvent elles qui sont présentes dans les cuisines du monde : les mères, les soeurs, les filles, les petites-filles. C’est pour cela que nous avons voulu leur rendre hommage, pour leur accueil, leur patience, leur amour de la cuisine et leur désir de transmettre leur savoir-faire.

La plupart des hommes avec lesquels nous avons cuisiné ne le faisaient que de manière exceptionnelle. Sauf chez les Karène, où la cuisine est affaire d’homme et où nous avons cuisiné exclusivement avec des hommes ! C’est une société où la répartition des tâches diffère de nos référentiels : les travaux des champs y sont effectués de manière équitable entre les hommes et les femmes ; mais les hommes s’occupent de la cuisine pendant que les femmes s’occupent des animaux par exemple.

Avez-vous gardé des contacts avec vos hôtes ?

Oui, grâce à la magie des réseaux sociaux nous avons pu garder contact avec presque tous nos hôtes et amis. Ils nous ont d’ailleurs aidé à écrire notre livre, pour vérifier les recettes et les secrets de leur réussite, pour compléter l’histoire des plats et des ingrédients. Nous souhaitons d’ailleurs les remercier de tout notre coeur car sans eux, rien de tout cela n’aurait été possible. Le livre leur appartient.

Le monde culinaire vous a-t-il contacté pour lui faire bénéficier de vos découvertes ?

Nous sommes beaucoup sollicités depuis notre aventure, que ce soit par nos lecteurs, par des internautes, par la presse, pour des événements, pour des salons, etc. On s’efforce d’y répondre systématiquement pour transmettre notre aventure. Nous recevons aussi régulièrement des invitations à manger de partout dans le monde dans l’attente de notre deuxième périple culinaire.

Aujourd’hui, que vous reste t-il de cette expérience ?

On a eu la chance de réaliser de notre rêve en montant ce projet, dont la réceptivité a dépassé nos plus folles attentes… On a monté ce projet avec beaucoup d’envie et de passion, et on s’est rendu compte que c’était possible ! Ce tour du monde du repas chez l’habitant nous a ouvert de nouvelles perspectives que nous ne soupçonnions pas. Pour reprendre une citation de Marc Twain :  » Dans 20 ans, tu seras plus déçu par les choses que tu n’as pas faites que par celle que tu as faites. Alors sors des sentiers battus. Mets les voiles. Explore. Rêve. Découvre.  »

Éditions de La Martinière

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