Ao : le bleu dans l’artisanat japonais

Ao : le bleu dans l’artisanat japonais

A l’époque ancienne, il n’existait que quatre couleurs au Japon. En dehors du rouge, du noir et du blanc, la couleur bleue (ou Ao) désignait toutes les autres couleurs.

De nos jours, le mot Ao désigne le bleu en général, alors qu’à l’époque d’Edo, il indiquait le bleu indigo, alors très présent dans la société.

A l’époque de Nara (710-794), les Japonais commencèrent à utiliser pour leurs vêtements la technique de la teinture indigo transmise de la Chine.

La pièce de teinture indigo en fils de soie la plus ancienne du Japon est toujours conservée dans les entrepôts Shoso-in du temple Todai-ji à Nara, où elle fut réalisée en 752 pour fêter la construction de la grande statue de Bouddha.

A la période d’Azuchi Momoyama, le seigneur de Tokushima a promu la teinture indigo comme industrie principale, ce qui occasionna son expansion dans l’archipel. Tout d’abord utilisée pour les vêtements en coton, la teinture indigo fut ensuite appliquée pour teindre le noren (rideau japonais) ou le nobori (bannière).
Pendant l’époque d’Edo, les lois somptuaires régulant le costume en fonction du statut social furent imposées, ce qui en développa plus encore la demande. Avérés efficaces en tant qu’anti-insectes, les tissus teints à l’indigo étaient employés pour les tenues de travail en extérieur ; résistants et ne brûlant pas facilement, les pompiers les appréciaient également pour leurs uniformes.

Céramique Shodai-yaki

Les nuances de la couleur indigo varient en fonction du nombre de teintures. L’indigo clair donne un bleu tirant sur le vert et l’indigo foncé un bleu tirant sur violet. Il existe nuances de couleur indigo au Japon, chacune portant un nom.

Le fait d’associer le Japon à la couleur bleue provient également des estampes ; leur renommée s’étendit à l’étranger notamment à travers le célèbre Hokusai, qui fut parmi les premiers à utiliser le bleu de Prusse d’origine synthétique transmis de l’étranger au 19e siècle, à la place des pigments d’origine naturelle plus difficiles à pratiquer.

Porcelaine Seto Sometsuke-yaki

Au pays du Soleil-Levant, Ao désigne le bleu, mais aussi le vert. Le bleu-vert représente la couleur de la nature pour toutes ses nuances. Pour les feux tricolores, on dit aussi qu’un feu rouge passe au bleu (au lieu du vert), terme conservé à la demande de l’opinion publique qui fit modifier la législation, finalement appliquée en 1947.

Foulard – Murayama Oshima Tsumugi

Durant l’été, les Japonais privilégient la vaisselle et les récipients en bleu et blanc pour suggérer l’eau et la fraîcheur.
La couleur bleue est très largement répandue dans le domaine de la céramique, en particulier pour la porcelaine de Seto ou Seto Sometsuke- yaki, réputée et très appréciée dans l’archipel.

Estampe Edo Mokuhanga

Demeuré depuis des siècles l’une des principales couleurs emblématiques du Japon, voici une invitation à plonger dans le bleu qui se décline sous de nombreuses formes dans son artisanat d’excellence : porcelaine, céramique, tissus, papier washi et estampes.

Exposition a découvrir jusqu’au 20 Mars à l’ESPACE DENSAN

8bis. rue Villedo  75001 Paris

www.espacedensan.com

 

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