C’est en observant l’effet du soleil déclinant sur le Palais idéal du Facteur Cheval, révélant un grand œil de lumière, qu’un lien avec la figure de
Sauron – dans le roman Le Seigneur des Anneaux – donna, à Frédéric Legros, Directeur du Palais idéal, cette énergie pour mettre en parallèle – dans l’exposition Fantaisies héroïques – l’œuvre de Ferdinand Cheval et J.R.R. Tolkien.
Mettant les deux œuvres en dialogue, l’exposition tisse des liens entre les deux auteurs : l’éloge de la nature, la marche, le goût de l’écriture et leurs inspirations provenant des gravures du XIXe siècle. Bien que J.R.R. Tolkien n’ait jamais visité le Palais idéal, l’exposition se plaît à esquisser une filiation imaginaire entre les deux hommes en insistant sur les pouvoirs de l’image.
Joseph Ferdinand Cheval, facteur rural, a passé 33 ans de sa vie à édifier un « Palais idéal » et huit années supplémentaires à bâtir son propre tombeau.
Durant ses longues marches, il lui arrive de rêver à un “Palais féérique”. Après dix ans de ces rêveries solitaires, en avril 1879, son pied bute sur une pierre pendant sa tournée.
Une pierre si belle, si irréelle, qu’elle réveille son rêve fou et déclenche
son envie de bâtir.
Voyant d’autres pierres aux formes étranges, il se dit que, puisque la nature veut faire de la sculpture, il peut l’aider à s’organiser…
Alors démarre ce qu’il appelle, au commencement, le “Temple de la Nature” et qui trouvera son nom définitif en 1904, grâce au poème d’Émile Roux-Parassac : “Ton idéal, ton Palais”.
Les pierres s’entassent dans son potager.
Seul, armé de sa passion, Il invite animaux, monstres, géants, fées.
Il réunit peuples et religions. Il façonne cascades, végétation, il crée toutes sortes d’architectures, anime la matière, joue avec les espaces.
Il rêve d’ailleurs que son Palais soit comme une immense fontaine, ruisselante d’eau…
Lors des visites qu’il organisait dans sa vieillesse, son employée de maison lançait des seaux d’eau du haut de la tour de Barbarie, pour donner cet effet d’eau ruisselante.
Mêlant l’organique à l’architecture, passant de l’un à l’autre, sa construction a dépassé son imagination.
Elle est faite de chaux, de pierres des environs, (molasses et autres) et de coquillages qu’un cousin de Marseille lui envoie.
Pour les formes aériennes, comme lianes ou serpents, il utilise un procédé nouveau à l’époque : l’armature métallique, associée à la chaux.
Curieusement, il ne souhaite pas en faire un lieu “habitable”. Voici une de ses forces : ce “Palais” ne fonctionne pas autrement que par et pour le rêve !
Ferdinand Cheval termine la construction de son Palais en 1912.
Le Palais idéal est une œuvre qui s’apparente à l’Art brut, désignant une force créative brute, sans référence, en dehors de l’influence du milieu artistique, souvent issue d’une pulsion.
Pour Ferdinand Cheval, même si certaines caractéristiques l’emmènent du côté de l’Art Brut, il a par la durée d’exécution, acquis de nombreuses références en cours de route et agit avec la conscience du bâtisseur, dont l’art est pour beaucoup technique.
Palais idéal du facteur Cheval
8. rue du Palais – CS 10008 – 26390 Hauterives – Drôme
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