Photographe franco-laotien, Hiên Lâm Duc est membre de l’agence VU de 1995 à 2002, puis depuis 2017. Il vit et travaille entre la France et le Kurdistan.
Né en 1966 sur les rives du Mékong à Paksé au Laos, Hiên Lâm Duc suit sa famille en exil après la victoire du Pathet-Lao. De la traversée nocturne du Mékong vers la Thaïlande, aux deux années de camp de réfugiés, en passant par deux évasions, le périple qu’il entame pour rejoindre la France le marque à jamais. En 1977, date de son arrivée en France, il se tourne vers une carrière artistique et obtient son diplôme des Beaux-Arts en Expression Plastique.
C’est son ouverture au monde qui teinte son travail photographique d’une sensibilité humaniste.
Son engagement se traduit tant dans ses projets personnels que dans les commandes pour la presse et pour les ONG. Roumanie, Russie, Bosnie, Tchétchénie, Rwanda, Soudan et surtout Irak sont les territoires qu’il couvre.
Son témoignage prend sens face aux destructions massives des conflits majeurs de la fin du XXe et du début du XXIe. Engagé en faveur de la protection des ressources naturelles, il documente également l’impact des mutations contemporaines sur les modes de vie le long des fleuves Mékong et Niger.
Depuis la guerre du Golfe, en mars 1991, il est devenu témoin direct de la souffrance de la population irakienne. Un peuple meurtri entre les conséquences dévastatrices de l’embargo international et la terreur imposée par le régime de Saddam Hussein. Au cœur de son objectif : les hôpitaux, les écoles et les marchés dévastés expriment la pénurie et la lassitude des irakiens.
Son travail est remarqué par la presse, les éditeurs et les commissaires d’exposition. Il est notamment lauréat du Prix Leica, du Grand Prix Européen de la Ville de Vevey, de la Bourse Villa Médicis hors les murs et de la Bourse de la fondation Jean-Luc Lagardère. Son corpus de portraits « Gens d’Irak » a remporté le 1er prix du prestigieux Word Press Photo.
Kurdistan, vivre sous les arbres
Au nord d’Erbil, dans la vallée de Barzan, dans les alentours de la ville d’Aqra ou encore dans les premiers contreforts des monts Zagros qui séparent l’Irak de l’Iran, tout près du lac de Dukan, la région autonome du Kurdistan irakien a peu à voir avec les autres régions du pays, administrées par le gouvernement central de Bagdad.
La région est montagneuse, et si elle offre une cachette de choix aux forces du PKK, allié de Bagdad contre l’État Islamique (mais considéré comme une organisation terroriste côté turc), elle façonne aussi le rapport des hommes à la nature.
Ici, chaque arbre a une histoire et chaque village entretient ses mythes et légendes autour des arbres. Dans chaque village, un arbre sert de lieux de rencontre. Les branches des barous (les grands chênes kurdes) offrent ainsi cabanes et balançoires aux enfants lorsque les familles se retrouvent pour pique-niquer ou fêter Newroz (le Nouvel An kurde).
Et les anciens se souviennent des noms des bergers qui ont planté ces arbres pour permettre de trouver un peu de fraîcheur sous les feuilles lors des longues journées de travail.
Pourtant, les bombardements et l’abattage illégal mettent en péril les arbres du Kurdistan et les traditions centenaires qui leur sont liées.
Depuis 2014, le Kurdistan aurait perdu 20 % de sa végétation.
Hiên Lâm Duc se rend au Kurdistan Irakien depuis maintenant 30 ans pour témoigner des grands bouleversements de la région. Il a ainsi tissé des liens intimes avec les habitants et a pu, au cours de nombreux voyages, documenter le fabuleux rayonnement des arbres du Kurdistan.
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