L’étoffe comme absolu
Il est des couturières que l’on range parmi les faiseuses de robes, et d’autres — rares, infiniment rares — que l’on élève au rang de sculpteurs de l’air.
Madame Grès appartient à cette seconde caste. La maison Flammarion, fidèle à son goût du beau, publie sous la plume érudite d’Anne Graire un ouvrage qui n’est pas seulement une monographie : c’est un éloge de la rigueur, du drapé et du silence.
Madame Grès — née Germaine Krebs, puis Alix Barton, et enfin devenue « Grès », contraction d’un prénom emprunté — a toujours préféré les plis au verbe.
Ses robes, drapées comme des statues grecques, sont autant d’hymnes à la pureté. Pas de fioritures, pas de complaisances : la verticalité, la lumière, l’intemporel.
Anne Graire, en connaisseuse délicate – restitue à travers des archives – l’itinéraire d’une femme intransigeante, qui choisit l’ombre pour mieux ciseler la clarté.
Lire Madame Grès, c’est pénétrer un monde où la mode n’était pas industrie mais ascèse, où l’élégance naissait d’un pli savamment travaillé, où l’érotisme résidait dans la retenue, non dans la démonstration. C’est aussi redécouvrir une créatrice qui, à rebours de ses contemporains, fit du vêtement un art de la contemplation — une spiritualité de soie et de mousseline.








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