BRIEF HISTORY OF A FAMILY・Jianjie Lin

BRIEF HISTORY OF A FAMILY・Jianjie Lin

Le vernis craqué de la bourgeoisie chinoise

On croit toujours que les familles modèles existent. Qu’un dîner autour d’une table bien dressée, que des sourires parfaitement polis suffisent à camoufler les fissures. Jianjie Lin, lui, n’y croit pas. Avec Brief History of a Family, le cinéaste chinois déplie la mécanique fragile de la bourgeoisie urbaine contemporaine, et le fait avec une élégance chirurgicale : sous la soie, il révèle la cicatrice.

L’histoire commence avec l’arrivée d’un nouvel élève, invité par un camarade à partager les repas et les week-ends d’une famille bien installée. Le garçon, observateur silencieux, devient peu à peu le miroir impitoyable des frustrations et des non-dits de ses hôtes. Ce n’est pas l’explosion qui fascine ici, mais le frisson : chaque silence est une gifle, chaque sourire une menace.

On pense à Chabrol, à ces huis clos où la bourgeoisie se défait dans son propre satin, mais aussi à Haneke, dans cette façon glaçante de faire du quotidien une matière explosive.

La mise en scène de Lin est tout sauf tapageuse : cadrages sobres, lumières discrètes, élégance des intérieurs… Tout respire le confort et la maîtrise, sauf que tout menace de s’écrouler. C’est là son dandysme secret : filmer l’effondrement sans jamais hausser la voix.

Chez Jianjie Lin, la famille n’est pas un refuge, mais une scène. Et comme tout bon théâtre bourgeois, c’est dans les apartés et les regards que se joue la tragédie véritable.

Déjà en salle…

 

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