Quand l’ombre devient un art de vivre à la française
Il est des livres qui ne se contentent pas de s’ouvrir : ils s’embrasent, ils scintillent, ils murmurent… et GOTHIC Made in France, le nouvel opus de Jean-François Micard, appartient résolument à cette catégorie de créatures littéraires dont on soupçonne qu’elles ont un cœur qui bat sous leur couverture noire.
Ne vous y trompez pas : malgré son titre ténébreux, l’ouvrage n’a rien d’une exploration lugubre. Il se lit comme un thé noir corsé servi dans une porcelaine délicate — un paradoxe exquis, à la française. Micard y pose une question à la fois simple et délicieusement impertinente : le gothique, cette esthétique de velours sombre, de romanesque fiévreux et d’élans baroques, peut-il être… français ?
Mieux・existe-t-il une signature hexagonale du ténébreux ?
L’auteur s’aventure vers la scène contemporaine : créateurs de mode qui aiment le noir comme d’autres aiment le champagne, musiciens qui enveloppent leurs riffs d’une élégance funèbre, artistes qui transforment les ténèbres en écrin esthétique. On découvre alors que le gothique français est moins une noirceur qu’une posture : un raffinement qui ose l’ombre comme d’autres osent la soie.
Dès le début des années 80, de notre côté de la Manche, émergeaient déjà des univers singuliers que l’on préférait alors désigner sous l’étiquette Coldwave plutôt que Gothique. Une scène foisonnante, portée par une multitude de groupes dont le point commun était justement de ne ressembler à personne – et surtout pas à leurs voisins de label.
Souvent autoproduits, largement sous-exposés, ces groupes, dont beaucoup n’ont connu qu’une brève existence, ont pourtant laissé une empreinte durable : ils ont engendré une descendance féconde, diffusé leur influence aux quatre coins du globe, et inventé leurs propres formes d’expression, de poésie, et de résistance.
À travers trente groupes, d’hier et d’aujourd’hui, nous allons lever un coin du voile sur la face cachée – et glaciale – du Rock hexagonal.
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