Écrit en 1793, Les Aphrodites est un des chefs-d’œuvre libertins du XVIIIe siècle.
Le coffret Les Aphrodites, adaptation en bande dessinée du roman libertin d’André-Robert Andréa de Nerciat, appartient à une catégorie de voluptés graphiques qui murmurent au lecteur une invitation à l’abandon.
Le coffret opère la plus subtile des transmutations : celle d’un texte longtemps chuchoté, presque clandestin, en un objet d’art pleinement assumé.
Ici, rien de grivois. Tout est grâce, lignes longues, courbes maîtrisées, sensualité éduquée. L’érotisme prend des allures d’aquarelle savante, débarrassé de toute lourdeur : l’on est davantage chez Fragonard que dans un boudoir tapageur.
Chaque planche semble avoir été conçue comme une miniature libertine, où la lumière caresse les corps avec la pudeur complice d’un rideau entrouvert. Les visages, tantôt ingénus, tantôt félins, empruntent à la peinture galante cette manière particulière de sourire du coin des lèvres – à la fois aveu et défi.
Emmanuel MURZEAU joue d’une palette raffinée, dominée par des camaïeux d’ambre et d’ivoire, comme si le XVIIIᵉ siècle lui-même reprenait la parole dans une langue graphique nouvellement restaurée.
En redonnant voix et chair aux Aphrodites, Emmanuel MURZEAU rappelle que l’érotisme peut être un art, pour peu qu’on lui rende sa noblesse première : celle du regard.
L’on referme le coffret comme on refermerait une boîte à parfums volatils – avec une pointe de regret, et le désir déjà formé d’y revenir, ne serait-ce que pour vérifier que la beauté que l’on y a vue n’était pas un mirage.








Qu'en pensez-vous ?