L’artiste Anne-Christine Roda définit une interprétation très originale du portrait : dans son œuvre, le tableau est entièrement soumis à la représentation de la fragilité de l’homme.
Dans ses peintures, le choix de la pose des modèles et le traitement neutre de leurs arrière-plans, sont ancrées dans une tradition actuelle autant que ses sujets qui proviennent sans équivoque de notre époque contemporaine.
Le choix de ses sujets est directement lié à notre vie quotidienne.
Ses « baby-sitters » – très divers par leur âge et leur statut social – sont frappants d’individualité. Mais au-delà de l’individu, leur diversité même représente les fragments disparates d’une mosaïque qui se combinent pour révéler une image d’humanité palpitante de la vie. Grâce à cette humanité partagée, chaque portrait a le pouvoir d’évoquer en un instant pour le spectateur, le plus personnel des souvenirs.
De part sa formation de restauratrice de tableaux, Anne-Christine, à su révéler progressivement le visage de ses modèles dans toute son intimité. Les traits apparaissent avec précision et réalisme. Le doux creux d’une fine ride, la texture d’une mèche de cheveux ou encore l’humidité d’un œil qui brille : c’est dans cette quête de précision et de fidélité à son sujet que l’individu se révèle dans toute sa sensibilité.
Le choix d’une expression neutre est délibéré, ce qui laisse le portrait ouvert à l’interprétation personnelle de chaque personne qui se tient devant lui.
La technique de précision exercée dans le traitement de chaque visage s’étend également au corps et aux vêtements de la personne qui s’assoit. Ces derniers ancrent fermement la composition dans notre époque par les plis d’un tee-shirt froissé ou bien un simple tatouage.
C’est l’avènement de la photographie, entre autres, qui a annoncé le déclin du portrait peint. Pourtant, c’est à partir d’une photographie qu’Anne-Christine travaille, preuve ultime que tout en creusant dans les traditions de son art, elle s’éloigne de cette même tradition en recherchant une nudité dans ses représentations.
Qu'en pensez-vous ?