Argo

Argo

Le Prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main – Dialogues 2019 est attribué à André Fontes et Guillaume Lehoux – designers (Studio Noir Vif), et Ludwig Vogelgesang – ébéniste, pour ce berceau « cage de Faraday », préservant les nouveau-nés des ondes électro magnétiques.

Notre monde est le lieu de tous les possibles et de tous les dangers… C’est pour illustrer cette ambivalence que les designers Guillaume Lehoux et André Fontes ont choisi de s’associer à l’ébéniste Ludwig Vogelgesang.

Ensemble, ils ont conçu un lit de naissance en alliant le bois de noyer à des éléments de cuivre reliés, afin de reproduire le principe d’une « cage de Faraday » qui protège le nouveau-né des ondes électro magnétiques. Écrin salvateur, refuge rassurant, ce berceau – baptisé Argo en hommage au vaisseau mythologique de Jason et des Argonautes – a également été pensé comme un « objet-laboratoire ».

La forme élaborée par les designers et mise en œuvre par l’ébéniste a nécessité de repousser les limites des techniques traditionnelles afin de permettre la réalisation de chacune des trois parties de ce berceau.

Parfaite alliance de savoir-faire classique et de haute-technologie, la carène est fabriquée à partir d’une ébauche briquetée dont l’usinage a été réalisé à l’aide d’une commande numérique. Elle se compose d’une superposition de couches de noyer de France (collées à la colle de poisson, naturelle et non toxique) dont le fil du bois est orienté de façon circonférentielle. La jonction, toute en courbes, entre les pieds et la carène ainsi que la forme finale sont réalisées entièrement à la main, le tout complété d’un fin tissage de cuivre.

La poupe, quant à elle, est construite en trois secteurs associant plis de noyer et noyer massif ; toute la difficulté ayant consisté à fabriquer chacune des parties avec une double courbure. Ludwig Vogelgesang a, pour cela, imaginé un moule sur lequel la coque a été construite pli par pli, la précision de chaque ajustement se révélant cruciale pour l’esthétique de l’ensemble. Cette coque comprend cinq couches croisées de placage, auxquelles s’ajoute la partie en noyer massif et – nouvelle prouesse – le tout est enrichi d’un treillis de métal déposé par projection thermique du cuivre en fusion sur le bois.

Dernier élément, la voile se présente sous la forme d’une pièce de noyer massif qui tend un tissu de fils de métal. Là encore, les contraintes ont obligé l’artisan d’art à se réinventer, imaginant une quincaillerie spécifique pour permettre le mouvement de la voile – qui effectue une translation à la manière d’une verrière de cockpit d’avion avant de basculer vers le bas. L’ensemble des éléments est interconnecté aux treillis de cuivre assurant la continuité de l’enveloppe protectrice. Une enveloppe comme un symbole d’un objet qui revendique sa volonté de parler de l’époque comme le précise Guillaume Lehoux :

Argo est un objet ambivalent, d’un côté il incarne les notions de confort et de protection, d’un autre il nous rappelle que nous sommes, en tant qu’êtres humains, à l’origine de beaucoup des risques que notre environnement fait porter sur nous-mêmes .

www.noirvif.com

 

Cet article a été publié dans la catégorie DESIGN.

 

Qu'en pensez-vous ?