D’origine asiatique, Gregg Araki est né en Californie. Après avoir étudié le cinéma à l’université de Californie du Sud, où il a été particulièrement influencé par les comédies burlesques comme L’impossible monsieur Bébé d’Howard Hawks, il débute sa carrière de réalisateur avec Three bewildered people in the night (1987). Avec un budget de seulement 5 000 dollars et un tournage en 16mn noir et blanc avec une caméra fixe, il raconte une romance entre une artiste vidéo, son amant et son ami homosexuel.
Ce film devient très vite un classique du cinéma indépendant américain et remporte trois prix à Locarno.
Deux ans plus tard, il se fait connaître dans les festivals internationaux avec Long Weekend (O’Despair). Produit, réalisé, écrit, photographié et monté par Araki (pour sa société appelée Desperate Pictures Company), le film met en scène un groupe de lycéens tout juste diplômés se lamentant sur leur futur au cours d’une nuit très arrosée. Les deux premiers films de Gregg Araki sont ainsi des « non budget films » entièrement financés par des amis et même par les membres de l’équipe.
Le cinéaste, considéré comme l’une des voix les plus anticonformistes, contestataires et à la fois mystérieuses du cinéma indépendant américain, émerge véritablement en 1992 avec le film The living end (1992). C’est l’histoire d’un jeune intello et d’un «gigolo» assassin, tous deux séropositifs, qui partent en cavale vers la Californie, emblème du rêve américain. Ce film rompt avec les deux premiers par sa dimension beaucoup plus tragique. L’issue est connue dès le départ : leur cavale sera funeste. Car pour le cinéaste : « Entre 1985 et 1990 un véritable changement s’est produit dans la société, en raison de la situation politique, de la crise, du sida ; j’ai donc voulu une histoire plus désespérée, plus violente, plus sexuelle, plus passionnée. On a parlé du nihilisme de The Living End (1992) , mais c’est tout simplement une histoire d’amour fou et maudit… »
Cette histoire mettant en scène deux amants gays et porteurs du virus HIV a très vite rendu Gregg Araki l’une des figures clé du nouveau cinéma gay.
Le film suivant d’Araki, Totally F***ed Up (1993) se positionne résolument contre le sentimentalisme d’un certain cinéma gay et raconte la vie gâchée de six adolescents homosexuels ayant reconstitué l’unité d’une famille, qui luttent à la fois pour s’entendre les uns avec les autres et pour avancer dans la vie en faisant face à plusieurs obstacles.
Subversif dans l’exploration de la dépression et des attitudes négatives de la jeunesse envers l’homosexualité, le cinquième film d’Araki, The doom generation (1995) est une attaque en profondeur, teintée d’humour noir, des spectateurs gay et hétéros. Largement rejeté par les critiques les plus conservateurs par sa violence graphique et son érotisme acharné, l’œuvre a confirmé la réputation de Gregg Araki.
Totally F***ed Up (1993) et The Doom Generation (1995) font partie de « la trilogie de l’apocalypse adolescente », dont le dernier volet, Nowhere (1997) est décrit par le réalisateur comme « un épisode de Beverly Hills sous acide ». Le film se concentre sur un groupe d’adolescents de Los Angeles, détachés de tout, qui s’ennuient et tuent le temps avec des expériences sexuelles excentriques, des drogues et des fêtes sauvages. Le film combine nihilisme et une certaine gaieté qui sera d’ailleurs l’une des caractéristiques majeures du film suivant d’Araki, la comédie romantique, Splendeur (1999). Hommage d’Araki aux comédies burlesques qu’il affectionne, c’est l’histoire d’une jeune fille qui n’arrive pas à choisir entre deux garçons et décide alors de vivre avec les deux.
Présenté lors du festival de Sundance en 1999, le film a été salué comme le film le plus optimiste d’Araki.
Après un passage par le petit écran, Gregg Araki se fait acclamer par la critique en abordant avec gravité et onirisme le sujet tabou de la pédophilie via Mysterious Skin (2004), une adaptation du roman homonyme de Scott Heim. Dans Smiley Face (2007), il narre les aventures loufoques d’une fille complètement stone du début à la fin du film.
En 2010, son œuvre fait l’objet d’un hommage au Festival du cinéma américain de Deauville où est présenté Kaboom en avant-première.
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