Jeanne Lanvin n’est pas née sous un dais royal : née le 1er janvier 1867, elle débute dans les difficultés, l’apprentissage précoce chez une modiste, sans richesse ni privilège. Mais elle possédait déjà ce que certains appellent style, d’autres appelèrent destinée.
Avec Jeanne Lanvin, Jérôme Picon retrace le parcours extraordinairement moderne de celle qui allait fonder la plus ancienne maison de couture française toujours en activité.
De l’atelier à l’Empire : un ascenseur de soie
Jeanne Lanvin commence jeune : modiste puis créatrice de vêtements pour enfants, formatrice de style, cultivant cette sensibilité féminine qu’elle portera toujours en bandoulière entre grâce romantique et audace garçonne. Son bleu – ce “bleu mythique” – deviendra signature.
Ses robes, demandez-vous, sont désirs sculptés. Les Années folles la trouvent au faîte de son art, adressée à une clientèle cosmopolite : actrices, aristocrates, étrangères, qui veulent porter son nom, mais porter surtout ce qu’il suggère : délicatesse, élégance, fil d’émotion sur la peau.
Jeanne lanvin ne bâtit pas uniquement des robes : elle invente un univers. Parfums, chapeaux, décoration, la notion de “styling” avant que le mot ne soit à la mode. Et toujours cette figure centrale : sa fille, muse, égérie, et celle qui lui impose, dans chaque collection, son exigence, son amour, parfois sa souffrance.
Jérôme Picon, historien de l’art, ne se contente pas de souligner les fastes ; il scrute les fissures, les efforts, les silences. Les rivalités avec d’autres maisons – dont Chanel – les défis économiques, la gestion d’un empire de la mode – tout cela est présenté avec cette rigueur que le dandy apprécie : la vérité sans effusion, l’admiration avec précision.
On y lit aussi le prix de la création, le sacrifice, le souci du détail jusqu’à la broderie, le montage, les étoffes, les silhouettes.
Jeanne Lanvin de Jérôme Picon est bien plus qu’une biographie : c’est un costume historique qu’on enfilerait comme une seconde peau, un bleu qu’on voudrait porter sur soi, une leçon de style et d’audace silencieuse.
Pour tout les amateurs qui aime le chic ancré dans la substance, l’ouvrage un trésor à feuilleter sous la lumière tamisée.
Qu'en pensez-vous ?