Dans l’ombre d’un algorithme, l’éclat trouble d’une quête.
Clément Camar-Mercier, déjà acclamé pour son premier roman, nous convie avec La Tentation artificielle à un voyage au cœur d’une époque en proie à ses propres desseins : le monde se croit libéré, mais il est enchaîné à des lignes de code, à des architectures invisibles qui nous gouvernent.
Au centre de cette fresque contemporaine et métaphysique se trouve Jérémie, un codeur de génie – le genre de protagoniste que nos élégances modernes savoureraient comme une curiosité.
Entre succès fulgurant dans la tech et désir d’évasion, il décide de se retirer dans un monastère – la mythique abbaye de Abbaye de Solesmes – pour échapper à l’effervescence et aux promesses de l’« intelligence artificielle ».
Mais bien plus qu’un simple roman de la conversion ou de la fuite, l’ouvrage se déploie en satire fine – et en méditation grave – sur ce désir moderne de tout maîtriser : le code, l’algorithme, les destinées. Comme un dandy face à la mécanique du monde, Jérémie se rêve en maître des flux numériques, en architecte d’un monde « optimisé », lorsqu’il est, en vérité, emporté par ses propres fissures : la maladie, le deuil de sa mère invalide, le retour de l’irrationalité.
Le décor est dressé avec valeurs contrastées : des bureaux de Xavier Niel aux couloirs feutrés du ministère, puis aux cloîtres silencieux de Solesmes – comme si l’auteur traquait la cartographie intime d’un siècle déboussolé.
Et dans cette course entre le sacré et le profane, entre le texte et le nombre, s’insinue la question : que reste-t-il de l’homme quand l’algorithme promet de penser à sa place ? Que reste-t-il de Dieu (ou du moins d’un interstice spirituel) quand l’ordinateur aspire à l’absolu ?
Clément Camar-Mercier ne fait pas de concessions. Il offre un roman dense, inventif, élégant – parfois ardu – mais d’une belle ambition pour qui veut que la littérature ne soit pas seulement un miroir, mais un éclat.
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