MUSÉE DE LA RÉSISTANCE | VOUS N’IREZ PLUS DANSER !

MUSÉE DE LA RÉSISTANCE | VOUS N’IREZ PLUS DANSER !

Pour moi, quelques battements de cœur un peu accélérés : une maison de famille au moment de mon adolescence, du côté de Coeuilly.

Mon père, ma mère, désormais absents mais la thématique de cette exposition va me renvoyer à leur prime enfance, au début de leur vie.

Nés, l’un en 1934 et l’autre, en l’occurrence Maman le 8 mai 1936.

C’est pour cette raison que cette période de l’histoire nationale, voire mondiale a été censurée à la maison.

Interdiction d’en parler !

Cette exposition temporaire à Champigny sur Marne est aussi itinérante et dans chaque ville où elle s’installe, elle s’enrichit du fonds et des ressources locales : en l’occurrence à Champigny, les lieux de prédilection pour se retrouver et guincher sont les guinguettes du bord de Marne.

Celles-ci ne désemplissent pas dans cette période appelée l’entre-deux-guerres , les horaires d’ouverture s’étirant même jusqu’à une heure du matin pour une appellation DANCING.

Ces lieux et loisirs sont quasiment accessibles à toutes et tous, grâce, entre autres à la semaine de 40 heures et les congés payés, obtenus par le Front Populaire.

Les guinguettes sont très populaires : pour preuve la partition de « Ah le petit vin blanc ….qu’on boit sous les tonnelles, quand les filles sont belles, du côté de Nogent… » éditée en 1943, sera vendue à plus d’un million d’exemplaires.

Mais que danse-t-on à cette époque ?

La plupart du temps des danses de couple, la valse, la java, le paso-doble.

Déferleront en 1920 et 1930 des danses et des rythmes venus d’ailleurs, via la TSF et les partitions musicales que les professeurs de danses récupéreront : le tango, le fox-trot, la rumba. Mais les origines métissées de cette musique et les corps à corps des chorégraphies seront vite réprouvées par la morale chrétienne.

Quand les bals vont devenir clandestins !

Déclarée le 3 septembre 1939, en l’absence de combats, la Drôle de Guerre a peu d’incidence sur l’organisation et la fréquentation des bals. Mais l’offensive allemande du 10 mai 1940 conduira Georges Mandel, alors ministre de l’intérieur, à les interdire 10 jours après.

La danse, loisir majeur de la jeunesse française de l’entre-deux-guerres, connaît alors un coup d’arrêt.

Empêché, réprimé et sanctionné par le régime de Vichy, car défiant la morale et les bonnes mœurs, le bal devient clandestin.

Le discours du Maréchal Pétain le 20 juin 1940 est radical ! Il condamne « l’esprit de jouissance » qui mènerait à la défaite en corrompant la jeunesse. La répression sera systématique.

Il s’agit d’une volonté d’imposer un ordre moral

Si les Allemands craignaient -bien légitimement – que les bals, créant des rassemblements puissent être à la source de manifestations, ou de complots, ils en laisseront la gestion (interdictions, répressions suivant les intérêts locaux) aux autorités politiques.

Le gouvernement de Vichy sera beaucoup plus drastique.

Et vint la libération…

Avec, certes, un devoir de mémoire envers les morts que notre pays comptait par milliers mais l’envie de vivre et de fêter la liberté l’emportait

Le fil conducteur de l’exposition

Pour moi, c’est cette petite phrase : un objet sans histoire n’a pas de valeur.

Nous avons parfois retrouvé des objets, lettres, photos aux bords dentelés, ticket d’entrée au musée, ou billets de train, bref de multiples petits objets du quotidien, gardés par nos aïeux .

Objets de leur quotidien

Traces de leur passé

C’est donc « la matière » de cette riche exposition !

Et c’est aussi le contenu retrouvé dans une mallette qui a permis de créer la bande dessinée « Vivre libre ou mourir »

Pour conclure :

Une exposition très qualitative, dont la scénographie est particulièrement agréable malgré le sujet douloureux.

Au contraire !

Je me suis sentie rebelle, allant guincher en douce pour découvrir ces danses « collé-serré » sur des rythmes « exotiques »

Je me serai faite belle et malgré le manque d’argent et la pénurie, j’aurai dessiné à la peinture noire un trait à l’arrière de mes jambes pour simuler des bas couture -anecdote de ma grand-mère qui ajoutait malicieusement « à la guerre comme à la guerre ».

Il faut voir cette exposition ! ce sera mon injonction`

Et toutes générations confondues.

Pour les scolaires et plus jeunes, les parcours pédagogiques sont exceptionnels

Pour les ados en solo, ils trouveront aussi des guides de visite :

Et le livre de l’exposition est une mine d’or, à s’offrir, à offrir.

La génération qui a vécu et survécu à cette période s’était promise : « Plus jamais cela ! »

Pourtant le monde gronde en ce moment …

Alors plus jamais cela…. c’est au Musée de la Résistance de Champigny que cela prend du sens.

Exposition jusqu’en avril |23

www.musee-resistance.com

Patricia NIVELET

 

Cet article a été publié dans la catégorie TIME OUT.

 

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