Nobody Knows・

Nobody Knows・

Vie dissimulée

Ce film de Hirokazu Kore-Eda, tiré d’une histoire vraie, met en scène quatre enfants livrés à eux-mêmes dans un appartement tokyoïte.

Personne ne sait. Personne ne sait ou personne ne veut affronter du regard ce qui se déroule pourtant à quelques mètres de nous ? C’est peu ou prou la question qui sourd tout au long du film de Hirokazu Kore-eda.

Nobody Knows, c’est l’histoire d’une famille de quatre enfants, âgés de 4 à 14 ans, tous nés d’un père différent. Non déclarés à l’état civil, ils sont également non scolarisés, et vivent leur quotidien soudés autour de la figure maternelle, qui elle, a des velléités d’ailleurs. 

Et pour réaliser ce rêve de liberté, elle s’autorise des petits arrangements. Avec la vérité tout d’abord : pour obtenir un nouveau logement, elle ne doit être la mère que d’un seul enfant. Qu’à cela ne tienne, elle deviendra cette mère d’un unique garçon, faisant pénétrer les autres dans l’appartement enfermés dans des valises. Évidemment, les gamins sont ravis, le jeu proposé par leur mère a des airs de rêve éveillé pour tout enfant avide d’aventure. 

Mais le jeu ne s’arrête pas là et les règles de la partie se corsent davantage : personne ne doit élever la voix ni mettre un pied en dehors de cet appartement pour préserver les apparences. Le seul autorisé à sortir est l’ainé, Akira, chargé des courses et de l’intendance pendant les absences maternelles. Si les règles sont respectées, maman reviendra vite, avec peut-être un cadeau en guise de récompense. 

Sauf qu’un jour, la mère de famille décide de partir plus longtemps, elle a rencontré quelqu’un, promet de rentrer à Noël et laisse suffisamment d’argent pour que la fratrie ne manque de rien. Le spectateur assiste donc à ces longs pans d’absence, aux mécaniques qui se mettent en place à l’intérieur de ce deux pièces où les changements de saisons se devinent à travers la large fenêtre. Printemps, été, automne, hiver. Le temps file, en témoignent aussi les micros détails : les papiers s’empilent, les plantes vertes ont poussé.

Si jouer aux adultes et reproduire leur quotidien est toujours ludique pour les quatre bambins, les gorges commencent à se nouer de l’autre côté de l’écran.

 

Cet article a été publié dans la catégorie CINEMA, Films.

 

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