30 ans de restauration par le Département de la Sarthe
Le Conseil départemental de la Sarthe avec le concours du CAUE propose une magnifique exposition à l’Abbaye Royale de l’ÉPAU consacrée au développement de la peinture religieuse mancelle au XVIIe siècle.
Cette exposition montre l’évolution de la peinture de la province du Haut-Maine au cours du XVIIe siècle. Les peintres manceaux, tout en gardant leurs particularités provinciales, furent ouverts aux apports nouveaux venus du Nord de l’Europe et d’Italie. Leurs œuvres, également inspirées pour certaines par les grands maîtres parisiens, ont constituées un
tournant dans la production régionale.
|L’exposition se découvre en deux temps.
Un premier temps est consacré à l’art pictural sarthois du XVIIe siècle. Sous les majestueuses voutes de l’église abbatiale, cette partie présente quarante-huit tableaux restaurés au cours des trente dernières années et habituellement exposés dans les églises du département.
La seconde partie de l’exposition valorise le travail des restaurateurs d’œuvres d’art, en s’appuyant sur des projets locaux, réalisés par des artisans d’arts de la région et soutenus par le Conseil départemental de la Sarthe.
Le nombre de tableaux sarthois du XVIe siècle est extrêmement restreint. Leur provenance est souvent incertaine, les signatures ou les sources d’information étant extrêmement rares. Seules deux familles de peintres de la charnière des XVIe et XVIIe siècles sont mieux connues grâce à leurs œuvres conservées, celles de Dienis de Fresnay-sur-Sarthe et d’Abot d’Argentan. On connaît quelques autres peintres uniquement par les sources écrites. Plus souvent artisans qu’artistes, ils développaient des activités multiples : peinture sur verre et d’armoiries, restauration de vitraux et de mobilier d’église, travaux sur les chantiers des bâtiments civils.
Tableau peint en 1584 par François Dienis, peintre verrier de Fresnay-sur- Sarthe, pour l’église de Sougé-le-Ganelon. Dans une composition très dense, la Vierge couchée sur son lit de mort occupe une place centrale. Saint Pierre lui tend un cierge et lit une prière. Pendant que saint Jean la bénit, un apôtre agite un encensoir suspendu par des chaînes.
Les autres personnages représentés discutent ou pleurent. Tout à droite, en retrait de la scène, est représentée l’Assomption de la Vierge. Cette composition s’inscrit dans une lignée d’œuvres réalisées dans la région d’après un modèle commun : le retable de Saint-Saturnin de Tours exécuté en 1502 par le sculpteur tourangeau Michel Colombe.
Les peintres du début du XVIIe siècle ont assimilé plusieurs influences maniéristes, venues de l’école de Fontainebleau, de Flandres ou de Paris.
Dans cette période précoce, quelques artistes ingénieux occupent le devant de la scène, auteurs de tableaux hauts en couleurs. Leur production relativement homogène évoque une amorce assurée de la peinture mancelle. Les œuvres de Mathurin Bonnecamp, François Fleuriot et E. Ganot se caractérisent par un attachement à la sensibilité maniériste, la variété de modèles employés et par une habileté dans l’art de la compilation. Véhiculés par la gravure, ces modèles ont contribué à l’enrichissement du vocabulaire iconographique des peintres et étaient bien souvent à la base du processus de création.
Cette Nativité est décorée d’une multitude de détails. Réduite et figurée au milieu d’une composition foisonnante, la scène principale est accompagnée de prophètes ayant prédit la naissance du Christ.
Portant leurs tables de prophéties, six hommes barbus et richement vêtus se trouvent à côté de l’Enfant entouré de la Vierge, saint Joseph et deux anges. A l’arrière-plan apparaissent les scènes de l’annonciation aux bergers et du voyage des Rois Mages guidés par une étoile. Ce tableau aurait été commandé à Mathurin Bonnecamp par le prêtre de la paroisse, représenté sur un portrait inséré dans l’angle du tableau. On suppose aussi que le berger coiffé d’un grand chapeau et à la barbiche pointue serait l’autoportrait du peintre.
L’évolution de la peinture mancelle a pris un élan important dans la seconde moitié du XVIIe siècle grâce à l’activité de nombreux peintres intéressants. Certains ont complété leur apprentissage à Paris ou à Rome. Ces peintres ont su se libérer de l’héritage maniériste et ont réduit leur retard par rapport à la peinture parisienne contemporaine.
Relativement épargnées au moment de la Révolution et de la période post-révolutionnaire, les églises de la Sarthe conservent encore un nombre très important d’objets mobiliers présentant un grand intérêt patrimonial.
ABBAYE ROYALE DE L’ÉPAU
Route de Changé, 72530 Yvré-l’évêque
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