Le trait, la tentation et l’élégance
Chez Yann Legendre, tout est affaire de lignes, de regards et d’attitudes. Son œuvre, mi-affiche, mi-manifesto, respire cette insolente élégance propre aux artistes qui maîtrisent leur mystère. Illustrateur, directeur artistique, graveur de la modernité – Yann Legendre compose des images comme d’autres écrivent des aphorismes : avec précision, sensualité, et un sens aigu du non-dit.
Révélé par ses couvertures pour The New York Times, The New Yorker ou The Wall Street Journal, il impose un style immédiatement reconnaissable : un graphisme ciselé, parfois tranchant, toujours chargé de tension.
Son noir et blanc – radical, charnel – semble hérité de l’affiche des années 1930, mais réinventé avec une sensualité contemporaine. Les silhouettes s’y tordent, les corps s’y suggèrent, les symboles s’y affûtent : le désir graphique, tout simplement.
Qu’il illustre Oscar Wilde, qu’il conçoive des affiches pour des opéras ou qu’il explore l’érotisme à travers la typographie, Legendre travaille le trait comme un gentleman taille sa moustache : avec exactitude, mais sans jamais gommer la malice.
Derrière l’apparente rigueur se cache un jeu subtil – entre l’épure et la provocation, la retenue et l’explosion.
Le dandy que l’on est ne peut qu’y succomber : dans ce monde saturé d’images bavardes, Yann Legendre parle bas, mais dit tout. Ses œuvres, entre graphisme et fétichisme visuel, ne crient jamais ; elles insinuent, charment, hypnotisent.
L’art du raffinement dans sa plus belle indiscipline.
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