Nostalgie de la nature…

Nostalgie de la nature…

Nostalgie de la nature – L’art chinois à l’écoute du paysage

Pour la première fois en Europe, le Musée Rietberg confronte 80 œuvres des plus grands maîtres de l’art du paysage classique et moderne ainsi que d’artistes chinois internationalement connus.

Les œuvres sélectionnées offrent une vision de l’histoire de l’art chinois : entre autres chefs-d’œuvre, on y trouve notamment des peintures de Dong Qichang (1555–1636), qui fut un théoricien de l’art influent, et de Shitao (1642–1707), moine-peintre haut en couleurs, ainsi que des photographies, des installations, des vidéos et des peintures d’artistes contemporains, tels Xu Bing (né en 1955), Lin Tianmiao (née en 1961), la grande dame de l’avant-garde en Chine, ainsi que Gao Xingijan, peintre et écrivain, qui a reçu le prix Nobel de littérature en 2000.

La nature, lieu de retraite et refuge dans la peinture de paysage d’hier et d’aujourd’hui

Montagnes et cours d’eau, forêts et nuages – depuis des siècles, ces motifs naturels sont au centre de la civilisation chinoise. D’innombrables poètes ont chanté les moments intenses qu’ils ont vécus dans la nature et les peintres les ont immortalisés avec leur pinceau.

La cabane de montagne devint à la fois un espace spirituel et un refuge dans lequel ils se retiraient loin des problèmes politiques, sociaux ou personnels, et trouvaient la paix en harmonie avec la nature.

La peinture de paysage allait devenir bientôt un genre pictural majeur dans l’art chinois.

La peinture de paysage classique de la dynastie Ming (1368–1644) se fonde sur l’ancienne idée que l’humain et la nature constituent un tout. L’humain est considéré de manière analogue aux processus qui régissent l’univers, en tant que cosmos en miniature.

Les peintres utilisaient un langage visuel et symbolique hautement codifié. Le paysage peint est moins une représentation de la nature qu’un espace dans lequel des idées sur le monde et la société, mais aussi des sensations, des attitudes, des espoirs ou la protestation politique peuvent s’inscrire. Le paysage devient ainsi un lieu de nostalgie, un refuge, un lieu de négociation et de résistance ou un idéal d’ordre social.

Dans le paysage, l’humain et la nature s’interpénètrent.

Dans les œuvres d’artistes modernes et contemporains, on peut voir jusqu’à quel point des éléments et des idées des œuvres classiques se font encore sentir aujourd’hui – mais aussi comment ils peuvent prendre une tout autre signification.


Yang Yongliang

Phantom Landscape, daté 2010

Lorsque Yang Yongliang transforme la silhouette des tours d’une grande métropole en chaînes de montagnes, que Lin Tianmiao et Wang Gongxin mettent en scène des figures féminines fantomatiques dans des jardins à l’abandon, ou que Shi Jinsong reconstruit un pin à l’aide de bois mort et de grosses vis en fer, ils font appel aux vieux modèles d’interprétation et d’associations chez le spectateur, mais les transforment de manière subtile ou radicale en états d’âme et sensations actuelles.

Huang Yan
Chinese Landscape – Tattoo, No. 7 , daté 1999

S’ils recourent aux anciens codes, c’est pour se confronter à une nouvelle réalité. D’autres sensations sont associées à cette nostalgie d’un ordre révolu : le sentiment d’aliénation, la douleur de la perte des anciennes valeurs, mais en même temps une acceptation de la nouvelle situation : comment les changements peuvent-ils être décrits, comment l’être humain se comporte-t-il face à ce nouvel environnement?

Un ensemble d’interrogations, dans laquelle, cette belle exposition, tente humblement d’apporter un début de réponse…

«Nostalgie de la nature – L’art chinois à l’écoute du paysage»
Jusqu’au 17 janvier 2021 au Musée Rietberg

Adresse : Gablerstrasse 15, 8002 Zürich, Suisse

www.rietberg.ch

 

 

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