L’exposition Moriyama – Tomatsu : Tokyo a été conçue par les artistes Daido Moriyama et Shomei Tomatsu – avant le décès de ce dernier en 2012 – comme une manière de célébrer leur ville autour d’une première collaboration artistique.
Pensée conjointement par la MEP, Daido Moriyama et Mme Yasuko Tomatsu, et avec la collaboration d’Akio Nagasawa, Moriyama – Tomatsu : Tokyo est la concrétisation d’un projet historique n’ayant jamais vu le jour jusque-là, et constitue la première grande exposition du travail de Shomei Tomatsu à Paris.
Né à Osaka (Ikeda) au Japon en 1938, Daido Moriyama vit et travaille essentiellement à Tokyo.
Après avoir étudié le graphisme, Daido Moriyama apprend la photographie avec son premier maître Takeji Iwamiya, avant de s’installer à Tokyo en 1961 pour y assister le grand photographe Eikoh Hosoe sur sa fameuse série Ordeal by Roses avec l’écrivain Yukio Mishima. Il entame son œuvre de photographe indépendant en 1964.
Membre du mouvement Provoke qu’il rejoint en 1968 pour la deuxième édition de la revue éponyme, Daido Moriyama produit une œuvre riche, dense et protéiforme. Ses photographies –souvent décrites comme brutes, floues et troubles (l’esthétique du « are, bure, boke »), ont donné naissance à une nouvelle pratique de la photographie de rue où l’artiste, qui rôde sur la route, est en prise avec l’espace public.
Le travail de Daido Moriyama embrasse aussi la technique de la sérigraphie, qu’il utilise dès les années 70, tant pour produire des livres que des œuvres à exposer.
Né en janvier 1930 à Nagoya, à 900 kilomètres de Nagasaki, Shomei Tomatsu est un enfant de la Seconde Guerre mondiale. Durant ses études à l’université d’Économie d’Aichi, il prend ses premières photos en empruntant l’appareil de son frère. Diplômé, il part à Tokyo travailler chez un éditeur.
En 1959, il fonde, avec Kikuji Kawada, Ikko Narahara, Eikoh Hosoe et quelques autres, le collectif Vivo. Cette agence, dont la durée de vie n’excédera pas deux années, regroupe les photographes du moment, qui partagent une chambre noire dans le quartier de Ginza.
Dans l’“appartement 43” – tel est le nom de leur bureau –, ils passent leur temps à boire, regarder des combats de sumo à la télévision, éditer leurs travaux, théoriser sur la photographie…
Son travail devient un réel engagement politique, une lutte contre l’américanisation, la “Cocalisation” qui envahit le Japon, avec ses immenses bases militaires et tout ce que tout cela implique : la perte d’identité, la prostitution, la violence, la drogue… C’est une nation vaincue, ruinée par la guerre, comptabilisant deux millions de soldats et un million de civils tués, 10 millions de sans-abri, 68 villes bombardées, subissant la famine… Tomatsu voyage à travers l’archipel, visitant tous les endroits où des bases américaines se sont installées : Yokosuka, Sasebo, Iwakuni, Chitose… et l’île d’Okinawa d’où s’envolent les bombardiers B-52 pour attaquer le Viêt Nam. “Je suis obsédé par les ‘occupations’. L’Amérique pèse lourdement sur mon esprit. Mon destin était de rencontrer ce pays invisible, cette nation étrangère qui a concrètement fait son apparition sous les traits d’une armée. Je ne peux pas détourner mon regard de l’occupation militaire des Américains.”
Exposition 19.05.2021 | 24.10.2021
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