Tina Dubrovsky・

Tina Dubrovsky・

Dans le monde feutré de la photographie de mode et de la direction artistique, peu d’artistes incarnent l’élégance audacieuse et l’esprit de la nuit comme Tina Dubrovsky.

Née en Biélorussie, élevée en Israël, puis installée à Berlin à partir de 2016, son parcours évoque le voyage : cosmopolite, curieux, habité par le désir de sublimer le réel.

Dès son adolescence, Tina Dubrovsky se passionne pour la photographie : dès ses premières années en Israël, elle produit ses propres shootings – fashion, art direction, stylisme, post-production. À l’âge de dix-neuf ans, elle est déjà recrutée par une agence de mannequins à Tel Aviv. Cette précocité, cette immédiateté à capter l’image, deviennent la marque d’un regard déjà maturé, capable de fusionner l’esthétique et l’intime.
Puis, Berlin s’impose comme nouveau port d’attache : ville-labyrinthe, ville-nuit, ville-création. Ici, Tina fera évoluer sa pratique, surtout orientée mode, portraits, éditoriaux et direction artistique pour de grands clients (Jägermeister, Grace O’Malley Spirits, Riot Games…).

Si l’on devait décrire en quelques mots le style de Tina Dubrovsky, on évoquerait : une lumière de fin de soirée, des silhouettes en suspension, un souffle de glamour sombre, un mélange d’élégance et de provocation.

Ses séries Hell Babies ou Le perte de l’innocence témoignent de cette dualité : la tension entre l’innocence et la déviance, entre le vêtement et le corps, entre l’invite et l’interdit.
Le ton est stylisé, théâtral, toujours avec cette grâce retenue d’un dandy qui sait que la pose est un outil mais que le regard, derrière l’objectif, doit capter ce que l’image ne montre pas explicitement. Il y a une maîtrise de la mise en scène, un goût pour le décor comme pour la posture, un sens aigu de la composition.

Tina Dubrovsky ne s’arrête pas à la simple prise de vue. Elle produit, stylise, dirige les projets. Elle met en scène des mondes – pas seulement des poses.

Elle propose des éditions limitées de tirages haut de gamme.

Ses travaux ont été exposés dans des galeries à Berlin ainsi que dans des magazines influents. Le fait qu’elle propose un tirage « selected works » illustre son ambition d’artiste et non seulement de photographe commercial.

L’esthète ne suit pas la mode, il la devance. Il ne se contente pas de décorer la surface – il en révèle la profondeur. Tina Dubrovsky, en tant que photographe, accomplit cela : elle ne documente pas seulement la mode ou la beauté, elle interroge ce que ces notions signifient. Mode comme costume, beauté comme masque, pose comme rituel.
Elle voyage entre Israël, Berlin, l’Europe – adopte une posture cosmopolite. Elle mêle les genres – portrait, mode, art direction.

Il faut garder à l’esprit que son travail peut parfois naviguer entre le provocateur et l’étrange. L’esthétique est forte, il y a parfois un détachement, une artificialité assumée – ce qui peut ne pas plaire à ceux qui recherchent un réalisme pur ou un style minimal.
Mais c’est précisément ce détachement qui crée l’élégance : le « posant sans épuiser l’image », le « regard sans rédemption immédiate », la photographie qui laisse une empreinte visuelle.

Tina Dubrovsky est l’un de ces photographes que l’on savoure comme un cocktail rare : robuste, élégant, un brin trouble, mais toujours posé avec assurance. Elle rassemble dans son œuvre un charme indéfinissable : celui du regard qui ne se contente pas de capter, mais qui interroge.

www.tinadubrovsky.com

 

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