Bettina Rheims et la Maison Européenne de la Photographie entretiennent depuis toujours des liens intimes. Alors, quel meilleur endroit que celui dont elle a investi les espaces encore en friche, en 1990, pour exposer sa série Modern Lovers et où elle a semé le trouble en 2000 avec I.N.R.I., pour présenter aujourd’hui, pour la première fois à Paris, un itinéraire à travers quarante ans de photographie ?
Des premières images aux travaux personnels les plus récents, l’exposition, pensée comme un cheminement, mêle les séries légendaires, les photographies iconiques de Bettina Rheims et certains travaux plus confidentiels ou qui n’ont encore jamais été montrés en France.
Ni thématique ni chronologique, ce parcours sensible s’attache à mettre lumière les obsessions de Bettina Rheims autour de son sujet de prédilection : la femme, dans tous ses états. La féminité, questionnée, exposée, magnifiée est le fil rouge qui parcourt les trois étages de la Maison Européenne de la Photographie, ménageant des effets de surprise et des mises en parallèle inattendues entre les 180 images présentées.
Bettina Rheims commence la photographie à la fin des années 1970 et consacre son premier travail à des strip-teaseuses et des acrobates rencontrées dans le quartier de Pigalle. Cette première série, publiée dans le magazine Egoïste fait rapidement l’objet d’expositions et marque le début de sa carrière.
À partir de ce moment là, elle mène parallèlement un travail de commande et des séries plus personnelles – « Animal« (1982) des portraits d’animaux empaillés traités avec un grand classicisme alterne avec des portraits d’acteurs, chanteurs, etc… de son époque à qui, au contraire, elle impose un style photographique très nouveau et décalé.
À la fin des années 1980, percevant un changement dans la société et plus particulièrement auprès des adolescents face à la montée du SIDA et l’inquiétude nouvelle qui en découle, elle travaille sur sa série « Modern Lovers« , premier travail sur l’androgynie, initiateur de ses recherches futures autour de l’identité, la transexualité ou le transgenre.
L’une des séries majeures – la première en couleur – qui marque le début de sa collaboration avec le romancier Serge Bramly, est Chambre Close (1990-1992). Les images de ces femmes, dans des chambres d’hôtel tapissées de papier peint à fleurs, n’ont eu cesse de voyager dans le monde et d’être publiées de nombreuses fois. Ce best seller fait d’ailleurs l’objet d’une nouvelle publication en 2007. Les modèles s’offrent au regard en gardant cependant une distance qui intensifie le mystère de leur histoire. Ce mystère sensuel, Bettina Rheims le transcrit avec son appareil photo comme si elle effleurait les peaux et pénétrait au plus profond des âmes.
I.N.R.I. (1999) confirmera sa renommée internationale. Ce travail permet à Bettina Rheims et Serge Bramly d’offrir à l’histoire contemporaine
une relecture de la Bible à travers la vie du Christ.
D’intenses tableaux photographiques voient le jour mêlant spiritualité, douleur, amour, force… créant ainsi un nouvel imaginaire visuel de l’histoire chrétienne.
Maison Européenne de la Photographie
5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris
01 44 78 75 00 – www.mep-fr.org
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