Le citoyen Laurent Lecointre a-t-il perdu la tête ? La sienne a pourtant échappé au couperet de la guillotine, à force de trahisons, de renoncements et de couardise.
C’est un bon homme un peu fou, excessivement colérique, hardi par la chaleur du sang. Né grotesque, d’une physionomie saisissante par le ridicule, une de ces créatures privilégiées que la nature semble avoir faites pour faire rire. Michelet, Histoire de la Révolution française.
À quarante-sept ans, ce père de famille et négociant prospère, fournisseur de draps à la cour, a tout pour être heureux. Mais alors que les fiançailles de sa fille avec son commis se dessinent, la Révolution française éclate. Et le bonhomme décide, sans crier gare, de se jeter dans la gueule du volcan.
Patriote exalté jusqu’à la furie, créature de Mirabeau et Marat, persécuteur de Berthier puis de Beaumarchais, Lecointre n’a plus qu’une obsession : les affaires publiques. Porté au commandement de la garde nationale versaillaise, bientôt élu à l’Assemblée législative, l’ennemi des rois se transforme en tyran domestique et en accusateur public. Jouant avec la guillotine comme d’autres avec le feu, il déploie son tempérament excessif dans toutes les circonstances les plus graves de la période, des terribles journées versaillaises d’octobre 89 à la chute de Robespierre, cinq ans plus tard, en passant par le procès de Marie-Antoinette dont il est le premier témoin à charge.
L’origine de ce projet remonte à une quinzaine d’années. Dans L’Histoire de la Révolution française de Michelet, que je lisais dans le cadre de travaux universitaires, je suis tombé sur le nom de Lecointre. C’était celui d’une amie proche. En interrogeant à tout hasard cette dernière, j’ai appris qu’elle était sa descendante indirecte, et que la famille possédait encore à Madrid une miniature représentant l’ancêtre médiocrement illustre. […] Intrigué par la physionomie du bonhomme, j’ai entrepris des recherches sur lui. Stupeur et amusement. Sa vie m’apparaissait comme une farce épique, plaine de fureur et de rebondissement. Christophe BIGOT
Christophe Bigot, l’auteur, est né en 1976. Normalien, agrégé de lettres, il vit à Paris et enseigne les lettres au lycée Louis le Grand. Il a publié deux romans aux éditions Gallimard : L’Archange et le procureur (lauréat de cinq prix dont le Prix Mottart de l’Académie française et le Prix Océanes du roman d’histoire et d’aventures, 2008) et L’Hystéricon (2010). Son troisième roman, Les premiers de leur siècle, a été publié aux éditions de la Martinière (2015).
Éditions de la Martinière littérature
384 pages
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