Gangsters

Gangsters

Journaliste indépendant, écrivain et scénariste (notamment pour la série  » Braquo  » 3ème saison), Jérôme PIERRAT est, depuis 15 ans, un spécialiste du crime organisé, auteur de plusieurs ouvrages de référence sur la question.

VOR, un voleur dans la loi, est la première immersion dans le milieu de la bande dessinée de Jérôme PIERRAT qui goûte de plus en plus à la fiction.

Après avoir passé 8 ans dans la prison de Koutaissi, en Géorgie, Tariel ne souhaite qu’une chose, devenir un parrain de la mafia géorgienne, un  » Vor « .

Après avoir repris en main les bandes de voleurs qui écument la France et l’Europe de l’Est, Tariel aspire à un avenir meilleur pour lui et Milana sa compagne. Mais difficile de se faire une place au soleil sans marcher sur les plates-bandes des parrains de l’organisation et de leurs alliés russe.

Une journée dure 24h, vous c’est plutôt de l’ordre de 48h, avec l’ensemble des activités que vous faites ?

Oui c’est vrai que j’ai un côté un peu hyper actif. La base de mon métier c’est le journalisme. Je fais des docs et des papiers pour des journaux, et le fait d’emmagasiner des infos dans l’univers du grand banditisme, m’a donné envie de raconter de vrais histoires dans des livres, des BD, en série TV, dont une série qui passe actuellement sur Canal+, qui s’appelle  » Panthers  » dont je suis à l’origine.

Quand et comment est née la BD  » VOR  » ?

C’est une demande des éditions CASTERMAN qui m’ont contacté car ils voulaient des BD plus adultes sur le thème de la mafia, du crime organisé et comme le crime organisé Géorgien c’est un peu ma marotte, je suis allé en Géorgie, en Ukraine pour rencontrer des VOR. La BD c’est construite très facilement car le monde des VOR et très visuel avec leurs tatouages sur tout le corps, leurs gueules…

Puis ils m’ont fait rencontrer un jeune dessinateur Vincent BURMEISTER, et voilà comment est né VOR !!

Vous avez donc déjà rencontré un Tariel ? Un  » VOR  » ?

Oui, comme j’avais déjà travaillé sur le sujet des VOR, notamment pour Canal +, j’en avais interviewé un en Géorgie, puis en Ukraine des  » chestorkis  » alias des surveillants, des personnes qui hiérarchiquement sont en-dessous des VOR. Et au final, la BD est très réaliste, il y a même un Vor, installé en France, qui a lu la BD et qui m’a dit que c’était très bien et très proche de la réalité.

Il y a pas mal de clin d’oeil à la vérité dans l’histoire, car eux-mêmes pourront reconnaître quelques personnes ainsi que certaines situations qui se sont réellement déroulées.

Ça arrive souvent que des gros caïds soient  » fleur bleu  » ?

Oui il y en a !! cela reste de la fiction, mais c’est intéressant car les VOR ont un code hyper strict qui leur interdit de se marier. Ils doivent avoir une seule famille, celle du crime et ils n’ont pas le droit de se détourner de leurs objectifs, car c’est un moyen de les atteindre. Ça les ralentis, les sédentarise, c’est un moyen de pression. J’ai connu un Japonais qui l’interdisait à ses hommes, car pour lui, le tueur risquait de perdre ¼ de seconde avant de tirer, à penser à sa famille, ses gosses s’il devait se retrouver en prison. Ils vont donc être moins efficaces.

Mais malgré tout, il y a plein de criminels qui sont mariés, qui ont des enfants. C’est ce qui m’intéressait dans la BD, cette ambigüité, ce destin qui s’offre à lui.

Quels pays est à la  » mode  » dans le terrorisme en France, aujourd’hui ?

C’est la filière Géorgienne qui est prise très au sérieux par les autorités française. Sinon, c’est beaucoup de pays de l’ex-URSS. Mais le réseau Géorgien reste le plus implanté en France avec une vraie organisation. A savoir qu’il y a plusieurs stades dans le crime organisé :

  • 1er stade : ils viennent en France, ils pillent, ils rentrent chez eux
  • 2ème stade : ils viennent ici, ils s’installent, ils pillent mais toujours pour le compte de la maison mère au pays
  • 3ème stade : ils s’installent en France, ils s’y restent et ils deviennent indépendants. Devenant ainsi une organisation franco-géorgienne avec tout ce qui va avec, notamment les tentatives de corruption avec les autorités françaises. Ils s’en prennent à des particuliers, mais c’est par centaines et centaines de maisons à travers la France.

Vous, vous êtes spécialisé dans la criminalité française, à travers  » VOR « , vous vous dépaysez un peu ?

C’est vrai que j’ai beaucoup travaillé dans la criminalité française car c’est ce qui intéresse d’abord nos concitoyens. Après, j’ai pas mal travaillé à l’étranger, en Russie à Saint-Pétersbourg, en Bosnie, en Amérique du Sud et Centrale, au Mexique, Venezuela, au Japon où j’ai passé 15 ans et écrit un livre sur les Yakuza.

C’est pour cela que ce que je présente dans la BD, ce n’est pas que du folklore !!

D’où vient cette fascination pour la criminalité?

Ce n’est pas une fascination. Je n’ai aucune illusion quant à la réalité de ce monde pourri, de cet univers, de cette secte, de cette mafia.

D’où qu’elles viennent, c’est généralement crade et pas très reluisant. En revanche, c’est une vraie passion dont je suis incapable de dire d’où cela vient !! Depuis tout petit cela m’a toujours intéressé, les histoires de gangsters, de bandits, avec cette illusion et fascination de gamin quand tu regardes les films de gangsters, tu lis les polars… Mais très vite c’est la psychologie de ces personnes que tu essayes de comprendre, car on sait que la vie est dure et courte. Alors pourquoi choisir une vie où tu fais du mal aux autres, du mal à toi-même, tu vis dans la peur de te prendre une balle… Quel est l’intérêt d’une telle vie !! Alors que tu sais pertinemment que cela va mal se terminer.

Au-delà de tout ça, j’avais l’impression d’étudier des  » tributs  » avec ses moeurs, ses codes, ses coutumes.

A force de toujours entendre aux informations les mêmes problèmes avec DAESH/Al Qaïda, etc, votre BD finit presque par nous détendre un peu…

C’est vrai que de voir des personnes se faire décapiter chaque soir à la télévision sous des drapeaux noirs, la criminalité paraît moins angoissante. En fait, il paraît moins angoissant parce qu’il est entre-soi. DAECH nous visent directement. La mafia c’est plus pernicieux et c’est pour cela que c’est aussi dangereux. Car on a vite tendance à l’oublier, ça devient vite un sujet de phantasme comme dans les films du  » Parrain  » ou bien de  » Scarface « .

Par contre, la mafia attaque là où on ne l’attend pas. Récemment en Italie, la mafia s’est occupée de la mozzarella contrefaite que vous allez manger. De contrefaçon de médicaments. C’est pour cela qu’il faut bien ouvrir les yeux, car cette mafia, ce banditisme, commence à nous toucher directement.

Dès le 1er Tome, on découvre que la Russie est derrière la mafia des pays de l’Est. C’est toujours d’actualité ?

Bien sûr, c’est toujours d’actualité. Toute cette mafia venue d’ex-URSS est pilotée par la Russie. Ce sont eux qui dictent qui doit vivre et qui doit mourir. De plus, nombre des grands criminels mafieux se sont réfugiés à Moscou, le tout soutenu par Monsieur Poutine et l’intelligentsia Russe.

Par exemple, les Jeux Olympique de Sotchi, ce son réellement déroulés comme vous le décrivez, ou bien on reste dans la fiction ?

Non, cela c’est passé exactement comme je le décris dans la BD. Il y a eu une vaste corruption. Des enveloppes qui ont disparu avec des centaines de millions voire de milliards d’euros qui ont été partagés entre une élite criminelle et une élite politique.

Vos infos, vous les dénichés seul ou bien vous avez un réseau en France et à l’étranger ?

J’ai évidemment un réseau, mais je travaille essentiellement seul sur le terrain.

Il y a 20 ans que je travaille dans ce secteur donc je finis par avoir mon  » carnet d’adresses « . J’ai aussi un réseau politique qui me permet d’avoir leurs points de vue, leurs synthèses sur certains sujets.

Sinon, les scènes sentimentales sont plutôt  » très soft « , alors que la tendance, même dans les BD classiques, est au  » hot  » ?

C’est vrai que même si c’est un milieu assez dur, assez violent, j’avais envie d’être proche de la réalité et de dire que ce ne sont pas que des mecs qui se tapent des prostituées. Chez les mafieux, il y a de vrais romantiques, des personnes qui vivent des histoires d’amour et qui ont une vie avec une femme et des enfants, comme nous, même s’il y en a beaucoup qui vivent avec des putes !!

Quels sont vos projets actuels ?

Un doc sur le Maroc pour Canal+. En fait, pas sur le Maroc, mais sur le trafic de haschich [entre le Maroc – l’Espagne te la France].

J’ai aussi 2 livres qui sortent au mois d’octobre :  » L’affaire Air cocaïne » aux Editions du Seuil et  » L’attaquant, l’histoire vraie des Pink Panthers  » aux Editions de livres, en écho avec la série qui passe sur Canal+  » Panthers  »

Il n’y a pas de gardes du corps autour de vous ?

Non mais parfois cela ne serait pas du superflu, surtout lorsque l’on est père de famille, car il m’arrive d’avoir des problèmes, dont un très récemment pas hyper marrant, mais c’est le jeu…

Éditions Casterman

Retrouvez les ouvrages à la vente sur notre site :


Ce livre raconte pour la première fois la véritable histoire du gang – inconnue des meilleurs policiers qui les traquent. Et plus précisément l’histoire d’un homme, surnommé l’Attaquant, l’un des pionniers des Pink Panthers, ainsi que celle de ses associés et amis. Des vingtenaires débarqués en Italie sans un sou et qui au fil des rencontres et des coups durs vont se lancer dans les braquages et écrire les premières pages de cette saga criminelle. Sous la houlette de l’Attaquant, ils vont inventer la technique des Pink, parfaire leur stratégie, écumer l’Europe et devenir des modèles criminels pour les truands de Serbie et du Monténégro.
Éditions La Manufacture de Livres


Le 19 mars 2013 à Punta Cana, le Falcon 50 d’Alain Afflelou est intercepté sur le tarmac de l’aéroport alors qu’il s’apprête à décoller pour Saint-Tropez. À bord, quatre Français et 700 kg de cocaïne répartis dans vingt-six valises bourrées dans la soute et le salon VIP de l’appareil. Aussitôt les pilotes crient au coup monté et jurent n’avoir fait que leur métier de chauffeurs de luxe au service des plus fortunés. Alors qu’en République dominicaine l’équipage et le passager ont été condamnés à 20 ans de prison, la juge d’instruction française Christine Saunier-Ruellan enquête partout en Europe sur la trace de flux financiers suspects.
Éditions du Seuil

 

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