La Compagnie des guides de Chamonix・

La Compagnie des guides de Chamonix・

Fondée en 1821, la Compagnie des Guides de Chamonix est la plus ancienne et l’une des plus prestigieuses compagnies de guides de haute montagne au monde. Elle incarne l’héritage alpin et l’esprit de conquête des sommets qui ont marqué l’histoire de l’alpinisme.

La Compagnie des guides de Chamonix est suite à un accident au Mont Blanc où les guides Auguste Tairraz, Pierre Balmat et Pierre Carrier perdent la vie.

À la fin du XVIIIe siècle, les explorateurs et scientifiques européens, fascinés par le Mont-Blanc, viennent à Chamonix pour tenter son ascension, et devient dès lors la convoitise obsessionnelle de citadins comme le genevois De Saussure.

De Saussure est un naturaliste animé par un esprit de savant qui veut comprendre les phénomènes de la nature. Cette approche rationnelle et inédite de la montagne va profondément ébranler les croyances superstitieuses inscrites dans les imaginaires collectifs depuis des siècles. Son appel lancé dès 1760 pour fouler le sommet, avec à la clé la promesse d’une récompense sonnante et trébuchante, fait de lui le principal commanditaire de la « première » du Mont Blanc.

Le 8 août 1786, Jacques Balmat atteint avec le docteur Paccard le sommet du Mont Blanc qui, avant eux, n’avait jamais été gravi. L’instant est historique ; et même en admettant que la découverte de cette voie orig&inelle ait été le fruit d’un effort collectif qui a duré environ vingt-cinq ans, les nombreuses tentatives de Jacques Balmat sur le Mont Blanc ont été particulièrement déterminantes pour la réussite de cette ascension.

Après la première ascension du Mont Blanc, Paccard reprend son métier de médecin et Balmat redevient le paysan, le cristallier, le chasseur de chamois et le guide intermittent qu’il était. Il empoche la récompense promise par De Saussure et, adoubé par le roi de Sardaigne de laquelle dépend alors la Savoie, son nom est gratifié officiellement de la particule « dit mont Blanc ».

Jacques Balmat

Jacques Balmat remonte à plusieurs reprises au sommet, notamment avec De Saussure qu’il guidera pour la troisième ascension en 1787.

Avec l’essor du tourisme et des expéditions, les habitants de Chamonix, souvent paysans ou cristalliers, deviennent des accompagnateurs expérimentés. En 1821, pour réglementer l’activité et garantir la sécurité, la Compagnie des Guides de Chamonix est officiellement créée.

La décennie 1855-1865 est considérée comme « l’âge d’or de l’alpinisme » car elle est sans conteste la plus prolifique de toute l’histoire de l’alpinisme. La majorité de l’arc alpin reste à découvrir et la chasse aux premières bat son plein.

Michel Croz et son client Edouard Whymper sont certainement une des cordées les plus célèbres de l’époque. Ils réalisent en 1865 la première ascension de l’Aiguille Verte, des Grandes Jorasses et du Cervin où Michel Croz trouve tragiquement la mort à la descente.

Michel Croz

En 1903, alors que le ski a fait son apparition dans la vallée depuis moins de dix ans, Joseph Ravanel, dit le Rouge en raison de sa chevelure rousse est le premier à réaliser la traversée Chamonix-Zermatt à skis, aux côtés de trois autres grands noms, portés par des générations de guides : Couttet, Payot et Simond. Cette course est devenue depuis une des grandes classiques du Massif.

Joseph Ravanel

Parmi ses nombreux clients, le futur romancier et guide de la Compagnie des Guides de Chamonix, Roger Frison-Roche. Dans son livre Premier de Cordée, ce dernier lui rendra hommage en décrivant un certain Ravanat le Rouge, guide mythique de Chamonix. Mais encore, le peintre Edgard Bouillette, le photographe Gaston Liégeard et le roi des Belges Albert Ier, qui lui vaut un autre surnom « Roi des guides et Guide des rois ».

Alfred Couttet surnommé « Couttet Champion » – après avoir pris part à sa première course internationale en 1907 empoche son premier titre de champion de France de ski en 1909 et récidive en 1913 et 1914 – revient de la première guerre mondiale malade et affaibli incapable alors de rivaliser avec la jeune génération de skieur.

Après 3 années de convalescence où il est photographe filmeur sur les glaciers de Chamonix, Couttet Champion va alors entamer une seconde carrière : guide de haute montagne.

Dans le massif du Mont-Blanc, il réalise toujours avec ses clients plus de quarante premières ou variantes dont la première de l’Aiguille de Roc en 1927. Alfred Couttet sera l’un des premiers guides chamoniards à explorer d’autres massifs. Invité en Norvège, appelé en Pologne dans les Tatras, en Slovaquie dans les Beskides, aux Carpathes en Roumanie, demandé en Espagne, réclamé au Tyrol, il a laissé sa trace sur de très nombreux sommets européens.

Alfred Couttet

Il rapporta des Dolomites l’usage des pitons, l’expérience des parois verticales et aussi les premières chaussures à semelles de feutre qui firent merveilles là où les chaussures à clous montraient leur limite.

Petit à petit, la haute montagne se démocratise et les premières cordées sans guide font leur apparition. Le métier de guide commence également à attirer des personnes non natives des vallées de montagne.

En 1923, à 17 ans, Roger Frison Roche s’installe à Chamonix. Dès son arrivée, il est très vite connu des Chamoniards qui le surnomment « Grand Sifflet » ou « Frison ». Il devient secrétaire du syndicat d’initiative et du Comité Olympique et effectue ses premières courses avec Daniel Souverain. C’est pendant cette période qu’il effectue plusieurs ascensions comme l’aiguille du Grépon ou l’aiguille du Moine et pratique intensément tous les sports d’hiver : ski, saut, bobsleigh, luge, Ski joëring… et d’été : équitation, natation.

Roger Frison Roche

Le 1er septembre 1925 Joseph Ravanel le choisit comme porteur pour l’ascension du mont Blanc.

En 1928, il effectue la première hivernale de l’aiguille de Bionnassay avec Armand Charlet. Cette même année, à la demande d’Alfred Couttet, fondateur de l’école d’escalade des Gaillands, il aide celui-ci à nettoyer et aménager cette paroi.

En 1930, il réalise enfin son rêve en étant admis à la Compagnie des guides de Chamonix. Il est notamment le premier non Chamoniard à y être admis, malgré quelque difficulté à se faire « admettre » dans ce milieu très fermé des guides chamoniards.

En 1933 il devient moniteur de ski et un an plus tard, correspondant local pour Le Petit Dauphinois.

En 1965, il participe à la fondation de l’Union internationale des associations de guides de montagne (UIAGM) et devient le président du comité provisoire jusqu’en 1969, date à laquelle il passe membre d’honneur.

Depuis 1974, grâce à l’essor du tourisme hivernal, le métier de guide commence à être exercé toute l’année ce qui permet aux guides de pouvoir devenir mono-actifs. En parallèle des activités traditionnelles pratiquées en haute montagne, de nouvelles activités se développent : trekking, eaux vives, canyoning, via ferrata…

Avec plus de 200 ans d’histoire, la Compagnie des Guides de Chamonix reste un pilier du patrimoine alpin, offrant aux aventuriers du monde entier l’opportunité de découvrir la haute montagne en toute sécurité.

www.chamonix-guides.com

 

 

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